Le chef d’état-major des armées, le directeur de l’agence de renseignement... La liste des responsables américains écartés par Trump s’allonge
La traque aux directeurs déloyaux s’accélère. Après une réunion à la Maison-Blanche, à laquelle avait été conviée l’activiste trumpiste Laura Loomer, le licenciement de plusieurs personnalités de premier plan de l’Administration américaine a été prononcé. Donald Trump a défendu jeudi ces décisions lors d’une interview donnée à des journalistes à bord de l’avion présidentiel, minorant l’influence de la militante dans ces révocations en cascade. Six responsables du Conseil de sécurité nationale (NSC) ont été remerciés, mais aussi le directeur de l’agence de renseignement NSA, Timothy Haugh. Un mois plus tôt, plusieurs militaires de très haut niveau avaient été contraints au départ.
Timothy Haugh, le directeur de la NSA
Directeur de la célèbre agence de renseignement depuis le mois de février 2024, Timothy Haugh a été débarqué ce jeudi. L’information a été annoncée par le Washington Post, citant deux responsables américains sous couvert d’anonymat. Il avait été nommé à ce poste par Joe Biden en mai 2023, mais sa confirmation au Sénat avait été reportée au mois de décembre, en raison du blocage des nominations des militaires par un sénateur républicain. Le mois dernier, Haugh avait rencontré Elon Musk, chargé par l’Administration Trump de réduire la taille des effectifs fédéraux. Plus récemment, il a témoigné au Capitole au sujet de la fuite de certaines informations confidentielles sur la messagerie Signal et était connu pour des positions plutôt prudentes, contraires à celles du Conseil de sécurité nationale (NSC), qui prônent des opérations agressives contre ses adversaires. Dans le sillage de Timothy Haugh, son adjointe, Wendy Noble a également perdu son poste, pour être réaffectée à une autre place au Pentagone.
Boodry, Feith et Walsh, des fonctionnaires du NSC proches de Mike Waltz
Alors que les luttes internes entre le Conseil de sécurité nationale (NSC) et la Maison Blanche s’intensifient, six membres de cette agence dirigée par Mike Waltz ont été licenciés jeudi. Parmi eux, Thomas Boodry, un haut-fonctionnaire supervisant les affaires législatives et qui travaillait pour Waltz lorsqu’il était au Congrès ; Brian Walsh, le directeur principal du renseignement et David Feith, un fonctionnaire en charge des questions de technologie au NSC. Maggie Dougherty, qui supervisait les organisations internationales au NSC a été également invitée à partir. Selon l’agence Reuters, son limogeage intervient alors que les États-Unis sont en train de repenser radicalement leur relation avec l’OTAN. Bien que Mike Waltz soit particulièrement décrié depuis qu’il a convié par inadvertance un journaliste de The Atlantic sur une conversation Signal très confidentielle, il est maintenu à son poste. Selon le New York Times, c’est surtout pour éviter une publicité négative que Donald Trump épargnerait le patron du NSC. Il aurait dit à son équipe qu’il ne souhaitait pas donner aux médias cette satisfaction.
Charles Q. Brown Jr, le chef d’état-major de l’armée américaine et deux femmes militaires d’envergure
Le 21 février dernier, celui qui était à la tête de la plus puissante armée du monde depuis le mois d’octobre 2023 a été remercié. Pilote de chasse fort de 40 années de service, le chef d’État major des armées a été remercié, sans qu’aucune motivation concrète à son départ ne soit pas spécifiée par Donald Trump. Selon le New York Times, les conseillers du président américains évoquaient une vidéo publiée par Brown après la mort de George Floyd. Il y revenait sur son expérience de pilote afro-africain dans l’armée de l’air et les difficultés rencontrées en raison de sa couleur de peau. Cette prise de parole jugée militante par Donald Trump aurait constitué un tournant pour le président. Deux autres femmes militaires ont été licenciées en même temps que Charles Q. Brown : la cheffe des opérations navales, l’amirale Lisa Franchetti (qui était la première femme à diriger la Marine), et la commandante des garde-côtes américains Linda L. Fagan. Le vice-chef d’état-major de l’armée de l’air, James Slife, qui avait exhorté les aviateurs à réfléchir au racisme institutionnel après la mort de Geroges Floyd a également quitté ses fonctions.
Tristan Colonius, le chef de la FDA, l’agence du médicament
Une restructuration majeure est en cours au ministère de la Santé, sous la houlette du ministre de la Santé, Robert Kennedy Jr.. Selon le Wall Street Journal, le vétérinaire en chef de la Food and Drug Administration (FDA), équivalent de l’Agence du médicament (ANSM) en France, a été démis de ses fonctions au début du mois d’avril. Il était chargé de l’approbation des nouveaux médicalments et particulièrement en pointe dans la lutte contre la grippe aviaire. L’administration Trump a exprimé sa nouvelle priorité en matière de santé : la lutte contre les maladies chroniques comme le diabète ou l’obésité.
Alors que l’activiste Laura Loomer qui appelle à une purge massive du personnel et traque tous les agents susceptibles de déloyauté à l’égard de Donald Trump, semble gagner en influence, les licenciements ne sont certainement pas terminés. Sur ses réseaux sociaux, la jeune femme attaque nommément les conseillers méritant, selon elle, de quitter leurs fonctions. Au mois de mars, elle a créé son cabinet de recherche, Loomered Strategies, au sein duquel elle fournirait des études de «suivi politique» sur les membres des Républicains et des Démocrates.