La Thaïlande et le Cambodge soulagés, Taïwan optimiste... L'Asie digère les droits de douane de Trump

L'Asie s'est réveillée vendredi 1er août avec l'annonce par Donald Trump d'une série de nouvelles surtaxes douanières qui seront imposées au 7 août: des taux accueillis selon les pays avec soulagement, avec résignation ou avec la détermination de négocier un meilleur compromis.

Taïwan est visé par des surtaxes de 20%, mais il s'agit d'un taux «temporaire (...) avec la possibilité d'une baisse supplémentaire en cas d'accord», a assuré le président taïwanais Lai Ching-te sur Facebook. Son gouvernement «s'efforcera d'obtenir un niveau raisonnable de droits de douane», insiste-t-il. Le report de l'application des nouvelles taxes au 7 août offre une fenêtre pour d'ultimes pourparlers.

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Les entrepreneurs locaux disent craindre que la baisse des droits accordée par Washington au Japon et à la Corée du Sud à 15% ne confère aux firmes de ces pays un avantage concurrentiel par rapport à Taïwan.

La Thaïlande salue un «succès majeur»

La Thaïlande et le Cambodge écopent de droits à 19%, soit bien moins que les 36% dont ils étaient menacés, dans la foulée d'une trêve entre les deux pays après plusieurs jours de conflit. La Thaïlande a salué vendredi comme un «succès majeur» l'annonce des surtaxes américaines. «Il s'agit d'une approche gagnant-gagnant visant à préserver la base exportatrice et la stabilité économique à long terme de la Thaïlande», a assuré le porte-parole du gouvernement, Jirayu Huangsab.

Un cinquième des exportations thaïlandaises, principalement des produits manufacturés, sont destinées aux États-Unis. «C'est la meilleure nouvelle pour le peuple et l'économie du Cambodge, afin de poursuivre le développement du pays», a réagi de son côté le premier ministre cambodgien Hun Manet sur Facebook. Le Vietnam voisin avait lui conclu début juillet un accord avec Washington sur un taux ramené à 20%.

Détail d'importance pour les pays d'Asie du Sud-Est, dont les chaînes de production sont étroitement liées à la Chine: les États-Unis entendent surtaxer à 40% les biens acheminés aux États-Unis en transitant par des pays tiers (méthode dite de «transbordement») en vue d'échapper aux taxes visant le pays d'origine.

Le Japon inquiet pour sa filière automobile

Cependant, faute de détails dans l'immédiat, analystes et entreprises s'interrogent sur la façon dont Washington définira un bien «transbordé». La Maison-Blanche s'est contentée jeudi d'annoncer qu'«une liste des pays et des installations spécifiques utilisés dans les systèmes de contournement» sera publiée. «L'application de la loi sera probablement difficile et, même si ces réorientations commerciales se réduisent, le détournement» se poursuivra et «continuera d'atténuer l'impact des taxes américaines sur les exportations chinoises», estime Leah Fahy, de Capital Economics.

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Tokyo avait conclu un accord avec Washington pour que les produits japonais soient surtaxés à 15%, en deçà des 25% dont l'archipel était menacé, et a obtenu des droits de douane totaux de 15% pour son crucial secteur automobile, qui représente presque 30% des exportations vers les États-Unis. Les exportations de voitures et pièce automobiles vers les États-Unis sont déjà taxées à 25% depuis avril.

Mais si les surtaxes dites «réciproques» imposées au Japon doivent s'appliquer au 7 août, la date de mise en œuvre du nouveau taux sur le secteur automobile reste à préciser. «Le gouvernement japonais continuera d'appeler les États-Unis à prendre rapidement des mesures pour mettre en œuvre le récent accord, notamment en réduisant les droits sur les automobiles et pièces détachées», a réagi vendredi Yoshimasa Hayashi, porte-parole du gouvernement.

Par ailleurs, des divergences d'interprétation se font jour sur les 550 milliards de dollars que Tokyo se serait engagé, selon la Maison-Blanche, à investir aux États-Unis - le négociateur nippon ayant évoqué devant la presse de simples prêts et garanties.

Les marchés asiatiques reculent, sous pression

Les Bourses asiatiques reculent de concert vendredi, sous pression après les annonces. Vers 02H00 GMT à la Bourse de Tokyo, l’indice vedette Nikkei se repliait de 0,37% à 40.916 points, et l’indice élargi Topix de 0,38% à 2.954 points. À la Bourse de Séoul, l’indice Kospi chutait de 2,76%. Sydney reculait de 0,82%, Taipei de 0,45% et l’indice hongkongais Hang Seng cédait 0,11%.

«Ces annonces apportent de la clarté sur le papier, mais de l’incertitude dans la pratique: si les marchés connaissent désormais les chiffres, l’absence de cadre clair et des taux apparemment arbitraires ne font que renforcer le sentiment d’imprévisibilité», tempère Charu Chanana, stratégiste chez Saxo Markets. «Il est plus difficile pour les entreprises et les investisseurs de se projeter», prévient-elle, citée par Bloomberg. Dans ce contexte, les investisseurs restent attentistes.