Royaume-Uni : le ministre de l'Immigration démissionne après un nouveau traité avec le Rwanda

Une démission fracassante. Le ministre britannique de l'Immigration a annoncé sa démission, à cause d'un "profond désaccord" avec un projet de loi présenté pour entériner un nouvel accord migratoire avec le Rwanda que le conservateur juge insuffisamment sévère, mercredi 6 décembre.

"Je ne peux pas rester à mon poste alors que je suis en profond désaccord avec l'orientation de la politique du gouvernement en matière d'immigration", a écrit sur X Robert Jenrick. Le traité signé mardi avec le Rwanda, qui doit permettre d'expulser vers ce pays d'Afrique les migrants arrivés illégalement au Royaume-Uni, ne va "pas assez loin" selon cet allié de longue date du Premier ministre conservateur Rishi Sunak.

Le Premier ministre lui a répondu dans une lettre que son départ était "décevant", craignant qu'il soit "basé sur une incompréhension fondamentale de la situation". Le gouvernement britannique s'efforce de sauver cette mesure phare de sa politique contre l'immigration illégale, après le camouflet infligé mi-novembre par la Cour suprême britannique, qui a confirmé que son projet était illégal en l'état.

Projet de loi d'urgence

Le projet de loi d'urgence pour appliquer ce traité, présenté jeudi au Parlement, doit permettre d'éviter de nouveaux revers juridiques de ce genre. Il propose notamment de ne pas appliquer aux expulsions certaines sections de la loi britannique sur les droits humains, et que "les ministres conserveront la décision de se conformer ou non aux mesures de la Cour européenne des droits de l'homme" (sans s'en retirer complètement, comme le réclament certains conservateurs).

Le texte veut aussi garantir que le statut de "pays sûr" du Rwanda, indispensable pour y expulser les immigrants, ne puisse être contesté par les tribnaux. Les magistrats avaient bloqué ce projet par crainte pour la sécurité des migrants expulsés dans le pays africain. Mais le Rwanda a averti mercredi qu'il se retirerait du traité bilatéral si Londres ne respectait pas le droit international.