Guinée : des "dizaines de morts" dans des heurts lors d'un match de football
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Des affrontements entre supporters au cours d'un match de football, dimanche 1er décembre, ont fait au moins "des dizaines de morts" à N'Zérékoré, dans le sud-est de la Guinée, ont affirmé à l'AFP des sources médicales. Des supporters en colère ont vandalisé et incendié le commissariat de N'Zérékoré, selon des témoins. "Tout est parti d'une contestation d'une décision de l'arbitre. Des supporters ont alors envahi l'aire de jeu", a dit à l'AFP un témoin sous le couvert de l'anonymat pour sa sécurité.
"Il y a une centaine de morts", a même dit à l'AFP un médecin de l'hôpital régional sous le couvert de l'anonymat car n'étant pas habilité à s'adresser aux médias. "Des corps sont alignés à perte de vue dans l'hôpital. D'autres sont allongés à même le sol dans les couloirs. La morgue est pleine", a-t-il assuré.
Après quelques heures sans prise de parole, le premier ministre Bah Oury a déploré sur X "les incidents qui ont émaillé" ce match. "(...) Le gouvernement suit l’évolution de la situation et réitère son appel au calme afin que les services hospitaliers ne soient gênés dans l’apport des premiers secours aux blessés. (...] Le gouvernement publiera un communiqué lorsqu’il aura recueilli toutes les informations pertinentes sur ces malheureux incidents", a-t-il écrit sur le réseau social.
Un tournoi en soutien au chef de la junte
Selon la presse locale et internationale, il s'agissait d'un tournoi dédié au chef de la junte, le général Mamadi Doumbouya, arrivé au pouvoir après un coup d'Etat en septembre 2021 et qui s'est depuis investi président. De tels tournois se multiplient ces dernières semaines en Guinée, dans ce qui est perçu comme étant des événements en soutien à une éventuelle candidature de M. Doumbouya à la prochaine élection présidentielle, prévue en 2025. La junte s'était initialement engagée, sous la pression internationale, à céder la place à des civils élus avant fin 2024. Elle a fait savoir depuis qu'elle manquerait à sa promesse.
Plusieurs des représentants de M. Doumbouya se sont dits récemment favorables à sa candidature à la prochaine élection présidentielle. Mais la "charte de la transition" établie par la junte peu après le coup d'Etat impose qu'aucun membre de la junte ne puisse se présenter "ni aux élections nationales ni aux élections locales". Les autorités avaient indiqué fin septembre que tous les scrutins devant concourir au retour de l'ordre constitutionnel se tiendraient en 2025.
La junte cherche à faire taire toute forme de contestation, interdisant les manifestations et les médias critiques. Nombre de dirigeants de l'opposition ont été arrêtés, mis en cause devant les juges ou poussés à l'exil. Début juillet, deux responsables d'un mouvement citoyen dissous qui réclame le retour des civils au pouvoir ont disparu.