Organiser les obsèques d’un proche va coûter en moyenne 5 euros de plus aux entreprises de pompes funèbres. Selon les entreprises, ces 5 euros seront facturés aux seules familles utilisant de la musique ou lissés sur l’ensemble des clients ce qui revient à environ 1 euro par famille. Dans ce cas, comme l’a révélé le site L’Informé, même ceux dont le culte ne prévoit pas de musique pendant les funérailles payeront la dîme. Les pompes funèbres rejoignent ainsi les karaokés, les hôtels, les salons de coiffure, les stades et tous les lieux recevant du public. « La musique occupe une place de plus en plus importante dans le recueillement, explique un porte-parole de la Fédération nationale du funéraire. Elle permet d’exprimer les émotions et de personnaliser l’hommage rendu au défunt en reflétant ses préférences. »
Puisque tu pars, numéro un des titres diffusés lors d’un enterrement
Les pompes funèbres reverseront cette dîme à la Sacem qui après une retenue pour gestion, la redistribuera à ses membres. La somme annuelle à se partager entre ayants droit oscillera entre 700 000 et 800 000 euros. La moitié des droits d’une chanson va aux éditeurs, l’autre moitié est partagée à parts égales entre les auteurs et les compositeurs. Les artistes interprètes toucheront ici une micro part des 800 000 euros. Les orchestres qui reprennent des œuvres classiques ne percevront rien car Mozart, Bach et Beethoven sont depuis longtemps dans le domaine public.
En 2024, France Bleu a recensé avec la coopérative « Le Choix funéraire », les dix titres les plus joués. Puisque tu pars de Jean-Jacques Goldman est en tête suivi par Le Paradis blanc de Michel Berger, Mon vieux de Daniel Guichard, Vole de Céline Dion, Chanson pour un enterrement de Grégoire, Si j’avais su de Claudio Capéo, La Montagne de Jean Ferrat, Ave Maria de Charles Gounod, Les Yeux de la mama de Kendji Girac et Encore un soir de Céline Dion.
Après plus d’un an de discussions qui se sont terminées au tribunal, la Sacem et les Fédérations de pompes funèbres ont jugé plus intelligent de s’entendre. Dans les hôtels, le critère de calcul est basé sur le nombre de chambres et d’étoiles. Pour les cérémonies funéraires, ce sera le nombre de convoi. Sur 660 000 décès déclarés par an, « une cérémonie sur quatre fait l’objet de musique soumise à redevance de droits. C’est ce forfait de 25 % qui a été retenu dans le calcul », explique la FNF.
Des ayants droit mécontents
Pour l’heure, il n’existe pas de relevé précis des chansons diffusées. La répartition est imparfaite car dans le domaine des musiques dites de sonorisation, elle se fait par analogie. « Nous regardons chaque trimestre la consommation musicale, soit les titres diffusés à la radio, la télévision, dans les concerts et les ventes d’albums », explique Stéphane Vasseur directeur réseau régional de la Sacem. Le sujet contrarie les ayants droit. Et pour cause. En 2025, la quasi-totalité des titres antérieurs aux années 1980 ne sont plus diffusés à la télévision et à la radio y compris sur Nostalgie et MFM. À l’inverse, ils sont écoutés sur YouTube et sur les plateformes de streaming mais ces données numériques n’entrent pas encore dans le calcul de la Sacem. «Si des pompes funèbres nous envoient des relevés de playlistes, nous identifierons les ayants droit et cette somme sera ajoutée à leur forfait. Mais Ce supplément est marginal», précise Stéphane Vasseur. « Tout déclarer précisément est impossible, on est souvent dans l’urgence, avec des changements par les familles à la dernière minute parfois », tempère un porte-parole de la Fédération française des pompes funèbres.