Mothers A Song for Wartime, le front des femmes face à la guerre de Moscou

Vu au festival d'Avignon dans la cour d'honneur du palais des Papes, Mothers A Song for Wartime (Les mères, un chant pour temps de guerre) nous avait marqués, pas forcément pour de bonnes raisons. On avait davantage assisté à un concert revendicatif aux accents martiaux qu'à un spectacle de théâtre. Programmé ce mois-ci au Théâtre national de Bordeaux, au Rond-Point à Paris et au TNP Villeurbanne, il permettra de se faire sa propre opinion. 

Sur les murs du palais des Papes, des inscriptions et des vidéos rappelaient le conflit en Ukraine. Une petite fille de 9 ans, en robe sage et couettes se tenait droite comme un i devant vingt femmes ukrainiennes, biélorusses et polonaises d'âges différents placées en un triangle impeccable. Regard décidé, les mains le long du corps, l'enfant donnait de la voix. 

La poésie ukrainienne de Lessia Oukraïnk

Ses aînées ont vécu la guerre et subi ses atrocités, l'indicible. Elles l'ont fuie ou encore, ont accueilli des réfugiés. Elles crient, invectivent le public, martelant les mots comme des pierres, se déplaçant selon une mécanique réglée au millimètre près, en tapant des pieds. Tel un chœur antique, elles clament qu'elles ne veulent plus de conflit, qu'il est temps d'ouvrir les yeux et d'y mettre fin. 

Les interprètes entonnent de toute leur âme des chtchedryvkas, chansons traditionnelles ukrainiennes dont l'une qui célèbre la paix. Elles disent également des poèmes de la poétesse ukrainienne Lessia Oukraïnk et des extraits de Sophocle et Euripide. Entre deux complaintes, elles se présentent, racontent à tour de rôle leur parcours et partagent et leurs revendications, et leurs souhaits de paix.

Installée dans les gradins, la metteuse en scène polonaise Marta Górnicka qui a conçu ce «spectacle» les dirige avec ferveur. Elle veut remuer les consciences. Elle accomplit ici un acte militant louable et communique une énergie contagieuse. Ces femmes sont entendues. Pourtant, en dénonçant l'indifférence de l'opinion publique, si elle touche le spectateur, elle le met aussi mal à l'aise en le culpabilisant.

Du 9 au 11 octobre au Théâtre national de Bordeaux, du 15 au 19 octobre au Théâtre du Rond-Point, les 24 et 25 octobre au TNP Villeurbanne, puis en tournée en Allemagne et en Pologne.