«Totale impunité», «combien de temps encore ?»... Le profil du suspect impliqué dans la mort de Philippine ulcère la droite et le RN
Les détails de l’affaire risquent de faire grand bruit. Et relancer la bataille sous-jacente entre l’Intérieur et la Justice. Trois jours après la découverte du corps de Philippine, étudiante parisienne de 19 ans dans le bois de Boulogne, situé en périphérie de la capitale, un suspect a été interpellé ce mardi en Suisse. À peine dévoilé, son profil défraie déjà la chronique : âgé de 22 ans, l’homme, d’origine marocaine, était sous le coup d’une «obligation de quitter le territoire français» (OQTF). Pis, il avait déjà été condamné pour viol et libéré début septembre du centre de rétention administrative (CRA) de Metz.
Alors que le nouveau premier flic de France Bruno Retailleau avait pris l’engagement quelques heures plus tôt sur Europe 1 et CNews «d’augmenter considérablement le taux d’exécution des OQTF», actuellement sous les 10%, ce drame ressemble à un baptême du feu pour le Vendéen un jour après sa prise de fonction.
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Si le successeur de Gérald Darmanin n’a pas encore réagi, bien que son cabinet ait confirmé les informations liées à cette arrestation par la police helvétique, le Rassemblement national et la droite n’ont pas hésité à vilipender le laxisme de l’action publique. Sur X, le président du RN Jordan Bardella a jugé que ce «migrant n'avait rien à faire sur notre sol, mais a pu récidiver dans la plus totale impunité.» «Notre justice est laxiste, notre État dysfonctionne, nos dirigeants laissent les Français vivre avec des bombes humaines, a cinglé l’eurodéputé. Il est temps que ce gouvernement agisse : nos compatriotes sont en colère et ne vont pas se payer de mots».
Alors que la réaction de la présidente des députés RN Marine Le Pen se fait attendre, sa nièce Marion Maréchal n’a pas mâché ses mots. «ENCORE un migrant, ENCORE un clandestin, ENCORE une OQTF non exécutée, ENCORE un criminel récidiviste, ENCORE un violeur laissé en liberté», a tempêté la parlementaire européenne. Qui va jusqu’à accuser l’État «d’avoir livré» Philippine à «un prédateur importé». Même ligne suivie par l’ancien président de LR Éric Ciotti. Refusant, comme il l’a indiqué au Figaro «la dissolution de l'état-major des Républicains dans la macronie», le député des Alpes-Maritimes a demandé à son ancien camarade Michel Barnier, devenu premier ministre, de laisser «place aux actes face à tant d'irresponsabilité». «Combien de temps encore ?»
Unis dans une coalition baroque au pouvoir, une partie de la droite et le bloc central se font plus discrets comme l’ensemble de la gauche. À l’exception de la députée écologiste Sandrine Rousseau qui a joué un numéro d'équilibriste, dénonçant, selon sa grille de lecture, un «féminicide» qui «mérite d'être jugé et sévèrement puni». Dans le même temps, l'élue de Paris a attaqué «l'extrême-droite» qui «va tenter d'en profiter pour répandre sa haine raciste et xénophobe.» Et d'espérer : «Nous sommes plus forts que cette récupération».
Dans un mauvais timing, quelques minutes avant sur BFMTV, la première-ministrable du NFP Lucie Castets s’est montrée «plutôt favorable» à une régularisation de «tous les clandestins», qu’ils travaillent ou pas. Sans revenir sur ses propos dans la soirée au vu de l’actualité.