Emmanuel Macron au Groenland exprime la solidarité européenne et critique les visées de Trump

Au Groenland, Emmanuel Macron exprime la solidarité européenne et critique les visées de Trump

Emmanuel Macron, la Première ministre danoise Mette Frederiksen et le premier ministre du Groenland Jens-Frederik Nielsen, ce dimanche. Mads Claus Rasmussen / REUTERS

Le territoire danois autonome n’est pas «à vendre ou à prendre», a déclaré le président de la République, en référence aux déclarations du président américain, qui ambitionne de mettre la main sur cette île, la plus grande du monde.

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Emmanuel Macron a critiqué dimanche la volonté de Donald Trump d'annexer le Groenland et exprimé la «solidarité européenne» pour ce territoire autonome danois lors de sa visite de l'île arctique. Premier président français à se rendre sur place, il est resté six heures sur le territoire avant de participer au sommet du G7 au Canada. Personne en Europe ne pense que le Groenland est «à vendre ou à prendre», a-t-il déclaré, en référence aux déclarations du président américain, lors d'une conférence de presse, sous les applaudissements du public à Nuuk.

Un peu plus tôt dans la journée, Emmanuel Macron avait affirmé venir «dire la solidarité de la France et de l'Union européenne pour la souveraineté et l'intégrité territoriale de ce territoire». Invoquant des raisons de «sécurité internationale», le président américain ambitionne de mettre la main sur cette île, la plus grande du monde, riche en métaux rares, par tous les moyens, y compris militaires s'il le faut. Emmanuel Macron s'est entretenu avec la première ministre danoise Mette Frederiksen et le chef de l'exécutif groenlandais Jens Frederik Nielsen à bord d'une frégate danoise. La France est également prête à organiser «des exercices conjoints» avec les autres pays du sud de l'Arctique pour renforcer la sécurité de la région, mais également dans le cadre de l'Otan, a souligné le président français.

L'accueil chaleureux réservé au président Macron tranche avec celui réservé au vice-président américain JD Vance le 28 mars. Ce dernier avait dû se cantonner à la base militaire américaine de Pituffik, sur la côte nord-ouest du Groenland, face au tollé suscité par sa venue. La population - 57.000 habitants -, majoritairement inuite, rejette toute perspective de devenir américaine. JD Vance avait accusé lors de sa visite le Danemark de n'avoir «pas fait du bon travail pour le peuple du Groenland», notamment en matière économique, et «pas bien assuré sa sécurité».

La base de Pituffik, qui se situe sur la trajectoire la plus courte des missiles entre la Russie et les États-Unis, constitue un maillon crucial de la défense antimissile américaine. L'Arctique devient aussi un enjeu de sécurité dans la course aux terres rares et aux nouvelles routes maritimes rendues possibles par le réchauffement climatique. Face aux visées de tous bords, le Danemark a annoncé qu'il allait consacrer deux milliards d'euros au renforcement de la sécurité dans l'Arctique. L'Otan va de son côté installer un Centre de commandement et de contrôle des opérations aériennes (Caoc) en Norvège, au-dessus du cercle polaire, alors que la Russie cherche à conforter sa puissance militaire dans la région.

Un partenariat entre les Européens et le Groenland sur les métaux stratégiques

Sur les ressources en minéraux, le président français a affirmé que les Européens voulaient «accélérer la mise en œuvre» du partenariat avec le Groenland sur les métaux stratégiques. Vingt-cinq minéraux considérés par l'Union européenne comme des matières premières critiques, notamment les terres rares et le graphite, se trouvent au Groenland.

Quelques jours avant la visite présidentielle, deux bâtiments de la marine française ont longé le Groenland en direction du grand nord afin de se familiariser avec les opérations en zone arctique. Emmanuel Macron, qui a annoncé vouloir ouvrir à Nuuk un consulat général pour «être plus proches (des Groenlandais) et à (leurs) côtés», s'est rendu compte par lui-même de l'impact grandissant du réchauffement climatique sur un glacier du mont Nunatarsuaq, à une trentaine de kilomètres de Nuuk. Depuis l'hélicoptère, il a pu voir une mer de glace fissurée et fondant à perte de vue. Il a ensuite parcouru une étendue de roche dénudée et grise remplaçant la glace, une vision qui affecte les communautés locales, lui a expliqué le premier ministre groenlandais.