Obsèques d’Alain Delon : qui est Mgr Di Falco, choisi pour présider la cérémonie ?
Dans ses dernières volontés, Alain Delon a exprimé son vœu d’être enterré en petit comité. La star va être ainsi inhumée samedi à 17h dans la chapelle de la propriété de sa propriété du Loiret, en présence d'une quarantaine de proches. Pour présider cette cérémonie qu’il a voulue sobre, l’acteur a également fait connaître sa volonté de choisir l’évêque à la retraite Jean-Michel Di Falco.
L'ancien évêque de Gap, 82 ans, est un habitué des projecteurs médiatiques. Longtemps considéré comme l'aumônier des célébrités, cet homme à la personnalité forte, qui fait l'objet d’un feuilleton judiciaire depuis plus de 20 ans autour d’une affaire d’agressions sexuelles, a été à la tête du diocèse de Gap pendant plus de 15 ans, où ses initiatives, parfois hors des clous, lui ont valu une certaine notoriété.
Personnalité médiatique
Né en 1941 à Marseille dans une famille non pratiquante, le prélat raconte avoir connu sa vocation le jour où, alors qu’il était âgé 3 ans, une voisine l’emmena à la messe. «Quand je suis rentré à la maison, je disais que je voulais être prêtre», racontait-il en 2014 sur Franceinfo. Ordonné prêtre en juin 1968, il enseigne un temps dans les écoles catholiques avant d’être nommé porte-parole de la Conférence des évêques de France en 1987. Il devient ensuite évêque auxiliaire de Paris en 1997, aux côtés du cardinal Jean-Marie Lustiger, avant d’être envoyé en 2003 à la tête du diocèse de Gap et d'Embrun. L’évêque y restera jusqu’à sa retraite en 2017.
Pour dynamiser l’Église de France, Mgr Di Falco est ouvert aux idées les plus fantaisistes. Convaincu qu'il faut réveiller ses fidèles, il expose en 2009 dans la cathédrale de Gap un Christ sur une chaise électrique, une œuvre de Paul Fryer issue de la collection d'art contemporain de François Pinault. «L'habitude fait qu'on n'éprouve plus la frayeur que l'on devrait devant un homme cloué sur deux morceaux de bois, justifie le prélat. C'est vrai que j'ai eu des réactions négatives, mais je n'ai jamais eu autant de monde dans la cathédrale», se félicite-t-il alors. Il amuse également la presse lorsqu’il reprend l'image publicitaire d'une bière pour faire connaître le sanctuaire de Notre-Dame du Laus, un lieu de pèlerinage près de Gap. Sur un tract diffusé à des milliers d'exemplaires, on peut lire : «1664, ce n'est pas seulement une marque de bière, c'est surtout la première apparition de la Vierge Marie à Benoîte Rencurel au Laus».
Directeur de la revue «Les Fiches du cinéma», il est chroniqueur religieux à RTL dans les années 1980. En 1999, à la demande du cardinal Lustiger, il cofonde la chaîne de télévision catholique KTO. En 2010, c’est encore Mgr Falco qui lance, pour financer des actions caritatives, le groupe «Les Prêtres». Ces trois prêtres du diocèse de Gap, avec leurs trois albums mêlant chants d'église, musique classique et succès pop, vont rencontrer un grand succès.
Ami des célébrités
L'évêque dénote aussi par son franc-parler. Lorsqu'en 2009, le pape Benoît XVI fait polémique par ses propos sur le préservatif qui selon lui «aggrave le problème du Sida», Mgr Di Falco, seul contre tous, soutient le pape. Selon lui, Benoît XVI exprime «l'idéal» catholique de la fidélité et de l'abstinence, tout en estimant qu'on ne doit être considéré «ni criminel ni suicidaire» lorsqu'on ne s'y tient pas. Plus récemment en 2014, il apporte un appui controversé à l'ex-trader de la Société Générale Jérôme Kerviel, accusé d’avoir escroqué 4,9 millions d'euros à son employeur, dont il préside le comité de soutien.
Désormais à la retraite depuis qu’il a dépassé l'âge limite de 75 ans, l’évêque entretient ses amitiés, nouées au fil de sa carrière, au sein des cercles culturels et politiques. Il a par exemple célébré le mariage du chanteur Pascal Obispo en 2015 avec la mannequin Julie Hantson. Avant les obsèques d'Alain Delon, l'évêque a concélébré celles, également privées, de Valéry Giscard d'Estaing en décembre 2020, et présidé celles du chanteur Charles Trenet en 2001, de l'homme d'affaires Jean-Luc Lagardère et du réalisateur Maurice Pialat en 2003, d'acteurs tels que Jean-Claude Brialy ou encore Mireille Darc, ancienne compagne d'Alain Delon, décédée en 2017.
Cette proximité avec les stars a valu à Mgr Di Falco différents qualificatifs, d’«aumônier des célébrités» à celui, plus péjoratif, d’«évêque des petits fours». Une réputation dont il s’est toujours défendu. «J'étais étiqueté mondain, ce qui est faux», récuse-t-il en 2004 dans un long entretien-croisé avec Frédéric Beigbeder, qui a donné l’ouvrage «Je crois moi non plus». Il préfère parler de «chaîne d'amitié (...) tissée au fil des années dans le monde des médias, le cinéma et le spectacle, le monde politique».
Sa réputation est toutefois plus sérieusement entachée par un feuilleton judiciaire qui le met en cause depuis plus de vingt ans. En 2001, un comédien aujourd'hui sexagénaire, a accusé l'ancien prêtre de viol et d'agressions sexuelles entre 1972 et 1975, au moment où Jean-Michel Di Falco dirigeait le collège privé Saint-Thomas-d'Aquin à Paris. L'accusé a toujours démenti ces allégations. Au pénal, la plainte a été classée par la justice car les faits étaient prescrits et le plaignant a épuisé toutes les voies de recours. Néanmoins, une procédure civile, visant à «monétiser son préjudice continu et persistant», est toujours en cours.