Sur la Côte d’Azur, les producteurs de mimosa inquiets face à des pertes jugées historiques

Les productions de mimosa se trouvent dans le massif de Tanneron. Valéry Hache / AFP

Les conditions climatiques de cet automne ont été très défavorables à la floraison du mimosa dans les Alpes-Maritimes et le Var, au point que certaines forceries chiffrent déjà leurs pertes à plus de 80%.

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Les récoltes du mimosa sur la Côte d’Azur cet hiver sont très mauvaises, inquiétantes voire jugées catastrophiques par les producteurs implantés entre le Var et les Alpes-Maritimes. «Je n’ai jamais vu autant de pertes», jure Fabien Reynaud, de la troisième génération du plus important mimosiste du territoire et président du syndicat de la vallée de la Siagne. Pour la bien connue famille Augier, qui compte dix salariés, c’est aussi «du jamais vu». «On a déjà connu des pertes, mais pas à une aussi grande échelle», confirme à son tour Michel Lovera, président du syndicat des exploitants côté varois.

Les premières pertes se chiffrent à plus de 80%, selon ces acteurs. La variété du Mirandole est déjà très touchée. Les conditions climatiques de cet automne ont été particulièrement défavorables à la floraison des pompons dorés, un jaune éclatant qui drape habituellement les collines du massif de Tanneron. Il a trop plu - ce qui contraste avec la sécheresse de l’année dernière - et il a fait trop doux, notamment pendant les nuits. Des forts coups de vent ont aussi pu emporter les bourgeons. Conséquence, «la fleur tombe aujourd’hui», expliquent-ils, «elle casque», selon le jargon.

«Les gens continueront quand même à contempler du jaune», tente de rassurer Michel Lovesa, conscient de la beauté de tels paysages entre janvier et mars. Même si l’espèce sauvage du mimosa est aussi impactée par ces aléas météorologiques, certaines plantes résistent. Il faut dire que cette sorte est considérée comme invasive et perturbe même une partie de la biodiversité des maquis.

Assurer les commandes et les festivités

À la fin du XIXe siècle, le mimosa a été exporté d’Australie et s’est fait une place de choix sous le soleil hivernal de la Côte d’Azur, d’abord dans l’arrière-pays cannois. Il sert aujourd’hui la destination touristique, la culture et l’économie locales, certaines villes à l’instar de Mandelieu-la-Napoule lui consacrant une fête du 12 au 16 février cette année. Le mimosa fait aussi la joie des corsos carnavalesques sur la place Masséna de Nice et des batailles de fleurs dans la rade de Villefranche-sur-Mer.

Les producteurs vont se battre pour assurer leurs commandes, notamment auprès des grossistes et des communes. La famille Reynaud, productrice en temps normal de près de 100 tonnes par an entre Pégomas et Mandelieu, est réputée pour exporter son mimosa partout dans le monde. Même le milieu de la parfumerie de luxe s’est intéressé à la vivifiante senteur de la plante. Mais cette année, les Reynaud tablent sur une perte finale d’au moins 50%. «Ce n’est pas exagéré de dire que c’est catastrophique, assure Fabien Reynaud. Tous les secteurs sont touchés, du lac de Saint-Cassien à Tanneron et à Mandelieu.»

Même problème pour les autres variétés

D’autres variétés doivent être récoltées ces prochaines semaines, mais là aussi, l’inquiétude persiste. Gaulois, Astier... «ça sera le même problème», assure le spécialiste. «Certains producteurs auront zéro récolte», alerte Michel Lovesa. À défaut, ils arriveront à livrer des eucalyptus, plante complémentaire cultivée avec le mimosa dans la région. Mais pour une question de survie de certaines forceries, «il ne faudrait pas que ce phénomène se reproduise», insiste le représentant dans l’Est Var.

Face à cette crise, «tel un vigneron touché par la grêle la veille de sa récolte», résume Michel Lovesa, les producteurs appellent les particuliers à ne surtout pas arracher de branches lors des balades dans le site exceptionnel de plus de 5000 hectares. Les mimosistes, eux, sont déjà tournés vers la saison prochaine, en souhaitant un automne sans nouvelles pluies diluviennes.