Mondiaux de natation : «Enfin, je l’ai fait !», l’immense bonheur de Yohann Ndoye-Brouard après sa médaille de bronze

Que représente cette médaille de bronze mondiale sur le 100 m dos ?
Yohann Ndoye-Brouard : C’est énorme, et cela représente beaucoup. J’en parlais avec Florent (Manaudou) aux Jeux qui me disait que c’était dur ces courses où il ne faut pas aller à fond dès le début. Il faut rester calme, accélérer progressivement, et cela a été ma stratégie aujourd’hui. J’ai accepté le fait de laisser un peu partir les autres et d’attendre le second 50 m pour produire mon effort. Mais c’est tellement dur de rester calme dans un tel moment. Je l’ai fait. Et quand j’ai voulu accélérer, j’ai senti que j’étais bien et qu’il se passait un truc de fort. Mais je savais aussi que je pouvais finir au pied du podium malgré un temps de 51’’9…

Comment avez-vous vécu ce moment où vous comprenez que vous êtes 3e ?
J’ai attendu. J’ai vu sur l’écran géant qu’il y avait une ligne extérieure qui avait fait podium (il était au couloir 1) et après, j’ai vu la lumière sur mon plot et là…. (Ému) C’est vraiment spécial car je ne l’avais pas vue s’allumer lors des Mondiaux en 2022 (4e du 100 m dos) et 2023 (5e du 100 m dos), ni lors des Jeux de Paris (7e du 100 m dos). Vraiment, cette petite lumière m’a fait tellement plaisir.

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On a l’impression que vous ne réalisez pas…
Honnêtement, je n’ai même pas vu mon temps. Je m’en foutais, je voulais juste être sur le podium. Après, quand j’ai vu que j’avais battu le record de France, j’étais encore plus content car j’ai beaucoup bossé depuis les Jeux. Les dernières 24 heures ont été longues car je sentais que je pouvais le faire, mais en même temps rien n’était fait. Il a fallu attendre, j’ai passé tous les scénarios dans ma tête. Jusqu’à cette petite lumière, encore une fois, qui m’a permis de relâcher toute la pression. Je l’ai enfin fait !

Quand on voit les écarts minimes entre vous et le vainqueur, n’avez-vous pas une pointe de regret pour l’or ?
Non, j’aurais pu aussi être 4e pour quelques centièmes de plus. Je commence par du bronze. Il restera un autre Championnat du monde avant les JO de Los Angeles, cela me laisse le temps de m’améliorer. Et puis il y a encore le 200 m dos en fin de semaine.

«Je suis impatient de voir ce que la suite de la semaine nous réserve»

Justement, cela vous donne des idées ?
Oui, je me sens bien relâché. En même temps, je me connais, il ne faut pas que je le sois trop non plus (sourire). Mais c’est sûr que je ressens un poids en moins avec cette médaille. Je pense aussi au relais 4x100 m 4 nages, étant donné que Maxime (Grousset) est très en forme, et moi aussi. Les autres nations n’ont pas l’air si fortes et je pense qu’il y a quelque chose de grand à faire. Je suis impatient de voir ce que la suite de la semaine nous réserve.

Qu’est-ce qui a fait la différence sur cette finale comparativement aux autres où vous aviez fini à des places d’honneur ?
Je pense que c’est l’expérience. J’en parlais avec mon entraîneur (Michel Chrétien) avant la course. Il m’a demandé si j’allais tenter de partir fort et je lui ai dit que ce n’était pas moi, que je n’ai pas la capacité des Russes de partir à fond. Je suis plus un nageur de 200 m et je savais que c’était au retour que je devais les avoir. En plus, cela crispe mes adversaires deux grands bras noirs revenir sur eux.

On vous sent serein depuis le début de la compétition…
Oui, c’est vrai. J’avoue que je n’avais pas prévu de faire 52’’30 dès les séries. Je me voyais davantage en 52’’6 ou même 52’’9. Et quand j’ai vu ce chrono, en sachant ce que j’avais mis et gardé, je me suis dit qu’il y avait un truc à faire. Cela m’a galvanisé. C’est pour ça que j’étais très chaud avant la demi-finale mais Michel a su bien me canaliser.