PSG-Lyon : Doué/Cherki, des pépites aux trajectoires diverses

En football, tout va très vite. Il y a six mois, Désiré Doué sortait d’une saison brillante avec Rennes. Le Bayern et le PSG se l’arrachaient. Paris avait également le regard tourné vers Lyon et Rayan Cherki. Pas la première fois. Dortmund le voulait aussi, disait-on à l’époque. Les deux joueurs, respectivement 19 et 20 ans, étaient sur le marché. Le premier sur une trajectoire ascendante, le second prêt à partir pour passer un cap qu’il n’arrivait pas à passer à l’OL, à un an de la fin de son contrat. À en croire Le Parisien  à l’époque, Cherki a éconduit le PSG pour le BVB, qui a finalement pris d’autres orientations. Les relations fraîches qu’entretiennent les dirigeants des deux clubs n’ont pas aidé. La suite, on la connaît : Cherki a prolongé à Lyon et Doué s’est engagé à Paris pour 50 M€ hors bonus.

Destins croisés pour les deux pépites, qui se retrouveront ce dimanche (20h45) au Parc des Princes, lors de la 15e journée de L1. Leader au classement, le Paris Saint-Germain reçoit l’OL, cinquième avant la journée. L’un des deux chocs entre équipes du Top 5, après Marseille-Lille samedi.

Argentés à Paris 2024

L’occasion de se pencher sur le parcours de Désiré Doué et Rayan Cherki, deux joueurs qui ont de l’avenir, mais qui ont vécu bien différemment les derniers mois. Rappelons qu’ils ont participé à l’aventure olympique et gagné la médaille d’argent à Paris 2024, sous les ordres de Thierry Henry. Deux joueurs qui n’ont débuté qu’un match aux JO, celui des coiffeurs, contre la Nouvelle-Zélande (3-0), alors que les Bleuets étaient déjà qualifiés. L’ex-Rennais avait marqué le deuxième but français. Cherki, lui, n’avait été appelé qu’en raison du refus de certains clubs de libérer leurs joueurs, tandis que d’autres éléments sélectionnables avaient été convoqués en A.

Pourquoi se passer d’un tel talent ? En fait, Thierry Henry n’est pas le seul technicien à se poser des questions. Cherki a souvent dû se contenter d’un rôle de joker de luxe à l’OL. Très tôt lancé dans le grand bain, il n’a jamais réussi à s’installer durablement dans le 11 lyonnais, quel que soit le coach. Et il y en a eu un certain nombre... À un moment donné, ça ne peut pas être un délit de sale gueule. C’est simplement que le talent, indéniable chez le natif de Lyon, ne fait pas tout. «C’est un joueur exceptionnel dans sa capacité à faire mal à l’adversaire mais qui peut mettre de temps en temps son équipe en difficulté dans sa manière de défendre ou stable dans un match», décrivait récemment Pierre Sage sur RMC , ajoutant que «l’étape d’après, c’est d’avoir une performance qui se stabilise sur la durée du match. C’est son challenge».  

À noter que Cherki a passé un petit moment au sein du loft lyonnais avant de prolonger. Cela ne veut toutefois pas dire que l’intéressé est appelé à s’inscrire dans la durée à Lyon. De nombreuses sources invitent à penser que la porte sera vite ouverte. Dès cet hiver ? L’OL, sous le coup d’une rétrogradation à titre conservatoire, a un besoin urgent de cash. «J’ai envie de vivre des choses extraordinaires, de belles épopées dans toutes les compétitions avec l’OL, mon club de cœur. J’ai envie de remporter un titre avec Lyon», disait le numéro 10 lyonnais avant la victoire de jeudi dernier sur Francfort (3-2), en Ligue Europa. «Il reste deux matches (avant le mercato). On verra si je suis encore là à la fin de la saison», disait-il après le match.

Une chose est sûre : qu’il parte cet hiver ou l’été prochain, Rayan Cherki ne manquera pas de prétendants. Ce Cherki-là, il est terrible. Et il a bien grandi en six mois. Sage devinait les prémisses dans son long entretien sur RMC. «Il a beaucoup progressé dans l’aspect collectif du jeu offensif. Il l’a intégré de manière définitive. Il bosse beaucoup et on l’accompagne aussi. Ce qui conditionne ses bonnes performances, c’est le moment où il se met en action. Quand il se met en action avant d’avoir reçu le ballon, il fait bien souvent très mal à l’adversaire. L’idée, c’est de faire en sorte qu’il comprenne ce qui fait la différence dans son jeu et quels sont les petits détails qui ont la différence. Plus vite dans le sens du jeu, plus vite dans la mise en action», assurait-il, parlant d’un joueur «capable de combiner dans les espaces courts, d’éliminer individuellement, de faire des passes décisives». De marquer. D’être efficace.

J’ai trouvé l’homme et le footballeur que j’avais envie d’être.

Rayan Cherki

Toujours aussi fort techniquement, Cherki a progressé de manière sensible sur le plan tactique, l’intelligence de jeu, la prise décision. À l’image de son récital contre l’Eintracht (1 but, 2 passes décisives), il a enfin compris. Il était temps ! «Je n’ai pas changé grand-chose. J’ai toujours aimé le football et le travail. Vous ne le voyez pas forcément parce que vous êtes derrière vos ordinateurs et vos téléphones (rires). J’ai trouvé l’homme et le footballeur que j’avais envie d’être», a-t-il expliqué mercredi, se définissant comme un joueur «qui a envie de donner du plaisir, faire de belles choses avec le ballon... tout en étant efficace, le mot que vous aimez tant». Et d’ajouter : «Le football est moins regardé car plus robotisé. J’ai envie de prendre et donner du plaisir aux spectateurs, que le football d’avant revienne». Tout un programme.

Tricard hier, sur le devant de la scène aujourd’hui. Tout l’inverse de Désiré Doué. Recruté à prix d’or, le natif d’Angers s’est heurté à un mur nommé Luis Enrique. Non pas que le coach espagnol ne le voulait pas. Simplement, il «attend plus» de lui pour lui confier davantage de temps de jeu. Certes, Doué a joué 16 des 20 matchs du PSG jusqu’ici. Mais pour seulement 547 minutes. Seuls les blessés (Ramos, Hernandez), les titis (Mayulu, Zague, Mbaye) et les bannis (Kolo Muani, Skriniar) ont moins joué parmi les joueurs de champs.

L’ancien Rennais, lui, se montrait positif début novembre. «Je me sens bien, le coach me fait confiance, l’équipe aussi, ils m’ont très bien intégré et je suis sûr que j’aurai de plus en plus de temps de jeu», disait-il. Et d’ajouter : «Je ne pense pas qu’un but fera que je serai titulaire à tous les matchs, mais la qualité de mes entrées, être pertinent dans mon jeu. Au fur et à mesure, je pourrai m’installer dans cette équipe». Reste à savoir à quel poste. Milieu ? Ailier ? Faux 9 ? «C’est quand je suis sur le terrain que je suis à l’aise», sourit-il.

Adaptation tout sauf express pour Doué

«Quel est l’âge de Désiré Doué ? 19 ans. C’est un joueur qui a beaucoup de qualitéaffirmait Luis Enrique avant Auxerre (0-0). C’est déjà un joueur pour le présent, il a joué quasiment tous les matchs, mais il a besoin d’un temps d’adaptation. C’est un joueur que j’adore. Il peut jouer à l’extérieur ou à l’intérieur, il a une forte qualité de dribble, il est fort physiquement, défensivement… Mais ça ne veut pas dire qu’il peut déjà jouer comme titulaire. (…) Ce que je vois me plaît, mais j’en veux plus. Il lui manque encore quelque chose de plus pour s’adapter. Quand le fera-t-il ? Personne ne le sait. Mais nous avons beaucoup de confiance en lui». Confiance dont l’intéressé a profité pour entrer lors des trois derniers matchs. Entrées remarquées. Plus de confiance, de prise d’initiative, de compréhension. Et même un but en forme «d’œuvre d’art» collective à Salzbourg (0-3), mardi, dixit Luis Enrique.

Peut-être pas un déclic, mais un symbole, celui de la montée en puissance de Désiré Doué. «Il a été très fort sur ses trois derniers matchs», a jugé Luis Enrique après Salzbourg, estimant que son vice-champion olympique «a aidé l’équipe défensivement et offensivement alors qu’il n’a pas joué à son poste». Doué a en effet pris la place de Gonçalo Ramos dans l’axe. «Nous avons une très grande confiance en lui», a encore ajouté le coach espagnol.

À voir si cette confiance se traduira par une titularisation contre l’OL, sachant que Désiré Doué n’a eu les honneurs du 11 de départ qu’à trois reprises en L1 (Reims, Strasbourg, Toulouse), plus une en Ligue des champions (Arsenal). Ça reste une grosse cote, malgré le turnover régulier de «Lucho» en championnat. Qu’il se rassure : dans le foot, tout va très vite, on l’a dit. Dans un sens et dans l’autre. Regardez Rayan Cherki, lofteur il y a six mois et que certains imaginent aux portes de l’équipe de France aujourd’hui. Du moins si l’intéressé ne cède pas aux sirènes algériennes avant l’appel des Bleus... La question a été posée à Pierre Sage après Francfort. «Je pense qu’il est regardé, considéré. Si toutefois il est appelé, il le méritera», glisse-t-il. Dans cette optique, une perf’ à Paris ne pourrait pas faire de mal. «Ce que j’ai vécu cet été n’a pas été simple à gérer. Ça m’a permis de me remettre en question», affirme Cherki. Les réponses sont là. À Doué d’apporter les siennes.