Discriminations, harcèlement sexuel au travail : "Il faut aller vite et bien" dans le recueil et le traitement des signalements, insiste la Défenseure des droits
"Aller vite et bien", résume vendredi 7 février sur franceinfo la Défenseure des droits Claire Hédon, après avoir adressé la veille une série de recommandations aux employeurs publics comme privés concernant le recueil et le traitement des signalements de discrimination et harcèlement sexuel. "Ce qui nous frappe, c'est que l'employeur n'agit pas correctement quand il y a un signalement fait par un salarié sur un problème de discrimination", explique-t-elle.
Claire Hédon s'appuie sur une cinquantaine de recommandations "très précises" pour mieux traiter ces situations, après avoir constaté que "les employeurs sont un peu perdus". Ces recommandations portent sur chaque étape de la procédure d'enquête, "du recueil du signalement aux éventuelles suites disciplinaires contre la personne mise en cause". "Il y a un manque d'informations", pointe Claire Hédon. "Il faut une cellule de signalement" facilement "accessible" au sein des entreprises, car "l'employeur a une responsabilité de sécurité et de santé de ses travailleurs", rappelle-t-elle.
"C'est souvent la victime qui a été écartée"
Si le signalement nécessite des investigations, l'employeur est tenu d'ouvrir "une enquête", souligne la défenseure des droits. Mais "jamais on ne leur a dit de façon très concrète comment mener cette enquête", déplore Claire Hédon. La décision-cadre de la Défenseure des droits préconise "de diligenter dans les deux mois une enquête" qui peut être menée en interne ou confiée à un prestataire extérieur.
"La première des choses que l'on observe, c'est souvent la victime qui a été écartée. C'est la victime qui a changé de service ou qui est amenée à démissionner. C'est exactement l'inverse qui doit se passer, c'est l'auteur qui doit être changé de service", insiste Claire Hédon. "C'est à l'auteur de dire qu'il n'a pas voulu discriminer et pas la victime".
Selon le dernier baromètre du Défenseur des droits réalisé avec l'OIT (Organisation internationale du travail), "près d'une personne active sur trois déclare avoir personnellement été victime de discrimination ou de harcèlement discriminatoire".