Mort de Pierre-William Glenn, directeur photo de Truffaut, Rivette ou Losey
Il était un grand opérateur de cinéma, qui aura dirigé la lumière de réalisateurs aussi prestigieux que François Truffaut, Jacques Rivette, au temps de La Nouvelle Vague, mais aussi de Bertrand Tavernier, Yves Boisset, Maurice Pialat, Costa-Gavras, Claude Lelouch, Samuel Fuller et Joseph Losey. Pierre-William Glenn est mort le 24 septembre, à l’âge de 80 ans.
Cet homme de cinéma passionné par l’art de la caméra et de la lumière, qui a prodigué ses talents sur près de 80 longs métrages en près de 40 ans de carrière, a été président de la Commission supérieure technique de l’image et du son de 2002 à 2018 et directeur du département image de la Fémis, l’école des métiers de l’image et du son. Innovateur acharné, il est considéré dans le milieu du cinéma comme l’un des premiers à importer le Steadicam en France, ce dispositif qui a révolutionné la prise d’images en mouvement. Pour décrire ce qu’il pensait de l’art filmographique, il aimait le résumer ainsi, avec humour: «Un film, ce n'est que de la lumière captée sur une surface sensible – qu'elle soit pellicule ou capteur numérique. C'est d'ailleurs drôle que ce soient des frères nommés Lumière qui aient inventé le cinéma.»
À lire aussiDiva de La Nuit américaine, Valentina Cortese est morte
Né le 31 octobre 1943, Pierre-William Glenn, poursuit après le Bac des études de mathématiques. Après avoir intégré l’IDHEC, il signe ses premiers travaux d’opérateur, - un terme qu’il affectionnait -, pour la télévision sous la direction de Claude Miller et Jacques Doillon. Remarqué par ses pairs, il débute des collaborations prestigieuses au début des années 1970 avec José Giovanni (Un aller simple) et Bertrand Tavernier (L’Horloger de Saint Paul). En 1972, François Truffaut, une des figures les plus importantes de la Nouvelle Vague le fait travailler sur trois films, dont La Nuit américaine.
Après avoir réalisé son propre film, Le Cheval de fer en 1974, Joseph Losey lui confie le cadrage de Monsieur Klein, qui donnera à Alain Delon l’un de ses rôles les plus importants de sa carrière. Dans les années 1980, Alain Corneau fait appel à lui pour Série noire puis Le Choix des armes. Claude Lelouch, lui-même un formidable manieur de caméra, l’emploiera par trois fois dans les années 1990 notamment dans Hasards ou Coïncidences et And now... Ladies and Gentlemen.
Précis, amoureux de l’art cinématographique, innovateur, Pierre-William Glenn était considéré par certains observateurs comme un continuateur de la Nouvelle Vague. Conscient de la place qu’il garderait dans l’histoire du cinéma, il avait précisé sa conception du 7e art: « On me considère souvent comme l’héritier de Truffaut. Mais bien que j'aie une grande admiration pour lui, ma filiation est plutôt affective, puisque j'ai fait des films plus “écrits” que ceux de la Nouvelle Vague...». Un écrivain de l’image, voilà ce qui restera de l’œuvre de Pierre-William Glenn.
Monsieur Klein de Joseph Losey en 1976, opérateur Pierre-William Glenn, avec Alain Delon, Michael Lonsdale, Jeanne Moreau....