Boeing mis en cause dans l’enquête sur l’incident d’Alaska Airlines, dont l’avion avait perdu une porte en vol
Un an et demi après la perte en vol d’une porte d’un avion d’Alaska Airlines, Boeing et le régulateur américain sont pointés du doigt par l’enquête. Des défaillances du constructeur américain sont la «cause probable» de l'incident survenu en janvier 2024, cumulées à un «défaut de supervision» de l'avionneur par le régulateur FAA, a conclu l'Agence américaine de sécurité dans les transports (NTSB). Le conseil d'administration de la NTSB a examiné ce mardi 25 juin lors d'une audience publique de près de six heures les résultats de l'enquête menée par ses experts et a approuvé le projet de rapport final, qui doit être publié prochainement.
Le 5 janvier 2024, pendant la phase d'ascension d'un Boeing 737 MAX 9 opérant le vol 1282 d'Alaska Airlines entre Portland (Oregon) et Ontario (Californie), une porte bouchon - opercule condamnant une issue de secours redondante - s'est détachée, laissant un trou béant dans le fuselage et faisant quelques blessés légers. Dans un rapport préliminaire publié un mois après, la NTSB avait révélé que quatre boulons prévus pour fixer cette pièce au fuselage manquaient.
Problèmes de qualité de production
L'enquête a établi - Boeing l'a confirmé - qu'ils avaient été retirés pendant l'assemblage final du fuselage à son usine de Renton (nord-ouest) par du personnel non habilité, opération qui de surcroît n'avait pas été documentée et qui a donc échappé aux contrôles. Cet incident, sur un avion livré en octobre, a révélé au grand public les problèmes de qualité de la production du constructeur aéronautique et déclenché une crise profonde.
L'Agence «détermine que la cause probable de cet accident a été la séparation en vol de la (porte bouchon) gauche à cause de l'échec de Boeing à fournir une formation et des conseils adéquats», écrit la NTSB, ajoutant que l'avionneur n'avait également pas mis en place «la supervision nécessaire pour s'assurer que son personnel respecte de manière cohérente et correcte les procédures de retrait de pièces détachées».
L’«inefficacité» de la FAA pointée du doigt
De plus, «l'inefficacité de la FAA à surveiller le respect des contrôles de conformité et ses activités en termes d'audits (...) a contribué à l'accident», ajoute l'organisme d'enquête. Selon la NTSB, cette supervision défaillante n'a pas «correctement identifié, ni s'est assurée, que Boeing se préoccupait de résoudre les problèmes récurrents et systémiques de non-conformité» concernant le retrait de pièces. Pour remédier aux différents problèmes repérés par les enquêteurs, l'Agence a émis un certain nombre de recommandations pour Boeing, pour la FAA, ainsi que pour plusieurs organisations aériennes.
«Nous, chez Boeing, regrettons cet accident et nous continuons à travailler au renforcement de la sûreté et de la qualité à travers nos opérations, a réagi le constructeur. Nous passerons en revue le rapport final et les recommandations tout en continuant à mettre en œuvre des améliorations.»
De son côté, la FAA a affirmé «prendre sérieusement les recommandations de la NTSB et examinera avec précaution celles émises aujourd'hui». Elle a assuré avoir «fondamentalement modifié» sa supervision de Boeing depuis l'incident et compte «poursuivre cette supervision tenace», affirmant rencontrer des représentants de l'avionneur chaque semaine «pour examiner ses progrès et éventuelles difficultés».
Au cours de la séance, il est apparu notamment que Boeing avait conçu un système d'attache supplémentaire pour ses portes bouchons et des garde-fous visuels. Les nouveaux avions devraient en être équipés à partir de 2026 et ceux déjà en exploitation devraient être réusinés, a précisé un enquêteur.
La NTSB a également réitéré sa recommandation d'équiper les avions d'enregistreurs de vols d'une durée de 25 heures, pour éviter que les données ne soient écrasées par de nouveaux éléments - comme ce fut le cas pour le vol d'Alaska - car les enregistrements actuels sont beaucoup plus courts.