Entre les grandes universités américaines qui forment les élites du pays et une partie importante de leurs concitoyens, la défiance atteint un niveau inédit. La présidente de Harvard -accusée de complaisance envers une campagne antisémite sur son campus après les attentats du Hamas, et de surcroît soupçonnée de plagiat- a été contrainte de démissionner. L'affaire est grave car l’histoire de ces lieux où étudient les futures élites de la superpuissance mondiale, c'est l'histoire même de l'Amérique depuis le XVIIe siècle.
La première université du pays, Harvard, est fondée en 1636, seize ans à peine après l'arrivée du Mayflower dans la baie de Plymouth. L'éducation est une priorité des puritains qui créent la colonie du Massachusetts. Ces protestants dissidents, en rupture avec l'anglicanisme officiel, entendent former un clergé et des élites civiles instruits selon leur doctrine. Le site choisi pour l'université est, à l'époque, à une distance conséquente de Boston, en vertu d'un choix pédagogique…