Gironde : un suspect mis en examen dans le mystérieux meurtre des époux Muller

Le Figaro Bordeaux

Le suspect, qui était à l’époque leur voisin, a reconnu les faits en garde à vue. Presque 4 ans après la terrible découverte par leur fille des corps poignardés et sans vie de Sylvianne et Jean-Claude Muller à Izon (Gironde),le 15 décembre 2019, un individu a été mis en examen des chefs d’assassinats, mercredi. Inconnu de la justice, marié et père d’une famille résidant dans un quartier pavillonnaire au moment du drame, l’accusé, interpellé sans résistance et placé en garde à vue lundi, a d’abord nié les faits. Avant d’avouer «face aux évidences ADN et à d’autres éléments l’incriminant», précise le parquet de Bordeaux dans un communiqué détaillant les contours d’une information révélée par Sud Ouest. L’individu n’avait fait la cible d’aucune suspicion dans les témoignages récoltés par les enquêteurs, pas même celle de son ex-épouse (ils ont divorcé en 2022, NDLR).

Ouverte dès le 24 décembre 2019, une information judiciaire a permis d’établir que les victimes, retrouvées par Margaux Muller, la fille cadette du couple, dénudées et baignant dans le sang dans leur chambre conjugale, étaient décédées après avoir reçu de multiples coups de couteau. Leurs autopsies ont également établi qu’elles avaient tenté de se défendre. Un mélange d’ADN inconnu de la justice, retrouvé sous les ongles de la mère de famille, et une trace de chaussure de la marque Redskin avaient alors constitué les premières pistes pour retrouver l’auteur des faits.

500.000 euros d’investigations scientifiques

Emploi du temps, mode de vie, téléphonie, prélèvements scientifiques auditions du voisinage et de l’entourage des victimes... La justice a déboursé plus de 500.000 euros pour financer les investigations et effectuer les tests salivaires d’un nombre important de personnes afin de confondre l’assassin des époux Muller. Une minutie qui a payé au cours de l’été 2023, en permettant d’associer l’ADN retrouvée sous les ongles de la défunte à celui de l’un de ses anciens voisins.

À la même époque, les filles des défunts, désespérant de ne pas voir le coupable de l’assassinat de leurs parents retrouvé, avaient lancé un appel aux dons pour financer le nettoyage de la maison - encore maculée de sang - et les services d’un détective privé. Une médiatisation de l’affaire qui n’a cependant «ni stimulé ni perturbé» l’enquête selon une source proche du dossier.

Enquête d’ampleur

Confiées à 8 enquêteurs à plein temps de janvier 2020 à fin juin 2021, les investigations avaient mobilisé selon nos sources plusieurs dizaines de gendarmes, dont certains de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) dans la quinzaine de jours suivant les faits. À partir de juin 2021, les recherches s’étaient poursuivies au sein de la section de recherche de Bordeaux de la Gendarmerie de la Gironde, sous la houlette du pôle criminel du parquet de Bordeaux.

Sur le volet judiciaire, membres du paquet, enquêteurs, magistrats instructeurs, greffiers et scientifiques des laboratoires de police ont également été très investis pour permettre le dénouement de cette enquête, insiste Frédérique Porterie, procureure de la République de Bordeaux. Placé en détention provisoire dans l’attente de son procès aux assises, l’accusé encourt la réclusion criminelle à perpétuité.