Première audience dans l’affaire « Houris » pour Kamel Daoud également visé par deux mandats d’arrêts internationaux émis par l’Algérie
Saâda Arbane, survivante des atrocités commises pendant la décennie noire en Algérie dans les années 1990, affirme que l’écrivain Kamel Daoud s’est servi de son histoire pour écrire Houris, publié à l’été 2024 par Gallimard et récompensé par le Goncourt en novembre. « À trois reprises, affirme-t-elle auprès du quotidien Le Monde, Kamel Daoud et sa femme m’ont demandé le droit d’utiliser mon histoire. J’ai refusé à chaque fois. » Elle affirme donc avoir été sollicitée en 2021, 2022, et 2024 par l’épouse de l’écrivain, la psychiatre Aïcha Dahdouh, qui suit Saâda Arbane à l’hôpital d’Oran depuis 2015.
Ainsi, la trentenaire a assigné en justice l’écrivain en France pour « atteinte à la vie privée ». L’assignation a été délivrée à l’écrivain le 13 février, et elle pourrait déboucher d’ici à quelques mois sur un procès civil devant la 17e chambre du tribunal judiciaire de Paris, selon Le Monde. Dans ce cadre, une audience procédurale se déroule ce mercredi 7 mai. Kamel Daoud nie pour sa part toute atteinte à la vie privée de Saâda Arbane. Cette dernière l’assigne également en Algérie pour « violation du secret médical ».
L’avocate de l’écrivain dénonce des « motivations politiques »
L’écrivain est également visé par deux mandats d’arrêt internationaux émis par un juge du tribunal d’Oran, ville de l’ouest de l’Algérie où le journaliste et écrivain a vécu avant de s’installer en France, a appris, mardi 6 mai, l’Agence Radio France auprès de son avocate Jacqueline Laffont. Le premier de ces mandats d’arrêt a été émis en mars, le second en ce début de mois de mai. Les motifs de ces mandats n’ont pas été communiqués, selon l’hebdomadaire Le Point.
De son côté, l’avocate a écrit au média Radio France : « Les motivations de tels mandats algériens ne pourraient qu’être politiques et s’inscrire dans un ensemble de procédures menées pour réduire au silence un écrivain dont le dernier roman évoque les massacres de la décennie noire en Algérie. » Elle assure qu’une « requête préemptive » va être déposée « sans délai » auprès de la commission de contrôle des fichiers d’Interpol pour contester la diffusion de ces mandats d’arrêts.
Au plus près de celles et ceux qui créent
L’Humanité a toujours revendiqué l’idée que la culture n’est pas une marchandise, qu’elle est une condition de la vie politique et de l’émancipation humaine.
Face à des politiques culturelles libérales, qui fragilisent le service public de la culture, le journal rend compte de la résistance des créateurs et de tous les personnels de la culture, mais aussi des solidarités du public.
Les partis pris insolites, audacieux, singuliers sont la marque de fabrique des pages culture du journal. Nos journalistes explorent les coulisses du monde de la culture et la genèse des œuvres qui font et bousculent l’actualité.
Aidez-nous à défendre une idée ambitieuse de la culture !
Je veux en savoir plus !