L'économiste Mohammad Mustafa nommé nouveau premier ministre palestinien

Le président palestinien Mahmoud Abbas a nommé l'économiste Mohammad Mustafa comme nouveau premier ministre, suite à la démission le 26 février du précédent gouvernement, a annoncé jeudi l'agence officielle Wafa. M. Mustafa, 69 ans, ancien président du Fonds d'investissement pour la Palestine (PIF) et conseiller économique du président Abbas, a occupé de hautes fonctions à la Banque mondiale à Washington pendant 15 ans.

Ce fonctionnaire international prend ses fonctions en pleine guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza. Fin février, le premier ministre Mohammed Shtayyeh avait présenté la démission de son gouvernement, arguant de la nécessité d'une nouvelle politique tenant compte «de la nouvelle réalité dans la bande de Gaza» et du «besoin urgent d'un consensus interpalestinien».

Depuis des affrontements fratricides en juin 2007, le leadership palestinien est divisé entre l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, qui exerce un pouvoir limité en Cisjordanie, territoire occupé depuis 1967 par Israël, tandis que le Hamas est au pouvoir dans la bande de Gaza ravagée par la guerre.

Un profil «acceptable» pour Washington

Pour l'analyste palestinien Abdoul Majeed Sweilem, la nomination de M. Mustafa représente une tentative de renforcer les institutions palestiniennes au moment où le président Abbas est «assiégé et sous la pression» d'Israël et de Washington. M. Mustafa sera probablement considéré comme un profil «acceptable pour les Américains», ajoute l'analyste.

Mais pour le politologue Khalil Shaheen, le nouveau Premier ministre est avant tout un fidèle du président Abbas. «Mustafa a une vision économique, mais il demeure sous l'autorité du président Abbas. Au bout du compte, il restera son bras droit», estime-t-il. «Abbas veut prouver qu'il soutient des réformes», mais «avec cette nomination, il s'assure d'avoir un Premier ministre qui ne le défiera pas», ajoute M. Shaheen.

La communauté internationale, États-Unis en tête, soutient la solution à deux États comme perspective après la guerre et pour instaurer la paix dans la région. Mais pour Washington, cela implique «une autorité palestinienne rénovée», confiait le mois dernier un haut responsable de la Maison Blanche sous couvert de l'anonymat.