La Fondation du patrimoine lance un programme de financement spécifique. Doté de 5 millions d’euros, grâce à la Fondation Edmond J. Safra, il va permettre de mettre en valeur un patrimoine méconnu.
Passer la publicité Passer la publicitéLa nouvelle est tombée mardi, lors d’une soirée autour du patrimoine religieux, organisée à Paris par la Fondation du Patrimoine. La synagogue consistoriale de Metz, fermée depuis deux ans pour travaux, va bénéficier d’un soutien financier de 150 000 euros. « Avec une communauté de 1 500 personnes, il n’est pas évident de trouver des financements, même si l’État et les collectivités sont derrière nous, témoigne Alain Aisene, vice-président du consistoire israélite de la Moselle. Après avoir dû mobiliser 2,3 millions d’euros pour la façade ou les marches, ce mécénat va être un tournant pour nous. »
Construit en 1848, inscrit aux monuments historiques, le vaste édifice est situé en plein centre-ville. Il témoigne de la présence ancienne du judaïsme en Moselle. Le mécénat devrait servir à des travaux structurants, comme la réfection du parquet et des décors, mais aussi à l’ouverture de deux salles d’exposition sur la vie juive, dans la synagogue.
Conçus avec le musée de La Cour d’or de Metz – qui possède des salles consacrées à l’histoire du judaïsme messin -, les espaces seront visitables. « Il n’est pas usuel pour une synagogue d’ouvrir ses portes au public, ne serait-ce que pour des questions de sécurité. Mais nous allons profiter de la réouverture de l’édifice, en 2025, pour nous inscrire dans le circuit touristique de la ville, et pour donner un nouveau souffle à notre communauté », poursuit Alain Aisene.
La synagogue de Metz n’est que la première sur une longue liste d’édifices juifs pouvant relever la tête, si tant est qu’on les soutienne. Mardi soir, la Fondation du patrimoine a annoncé le lancement d’un nouveau « Programme patrimoine juif », destiné à financier des projets de sauvegarde de biens et lieux emblématiques. Il bénéficie du mécénat de la fondation Edmond J. Safra, pour un montant de 5 millions d’euros. « Nous nous attachons à sauvegarder le patrimoine menacé, issus de toutes les religions et partout en France. Nous sommes déjà intervenus, avec Stéphane Bern et grâce au loto du patrimoine dans plusieurs lieux, et le programme va permettre une action de plus grande envergure pour un héritage trop souvent méconnu», explique Guillaume Poitrinal, président de la fondation du Patrimoine.
Honorer la résilience des communautés juives françaises
Si le pays possède 42 000 églises, les synagogues se comptent, elles, en centaines. Tout comme les églises, elles sont parfois désaffectées dans les zones rurales. De statut associatif pour la plupart, les synagogues ne peuvent compter sur leurs seuls fidèles pour se restaurer.
Souhaitant la fois « soutenir la religion juive », en France et ailleurs, mais aussi « honorer la résilience des communautés juives françaises », la fondation Edmond Safra - du nom d’un banquier d’origine libanaise - joue sa partie depuis de longues années, en aidant financièrement lieux de culte, écoles hébraïques et patrimoine juif. On lui doit, entre autres, la restauration de la Maison sublime de Rouen, plus ancien monument juif de France datant de 1100, celle de la maison du rabbin Rachi à Troyes, datant du XIIe siècle, ou celles des synagogues de Clermont-Ferrand, ou de Lyon.
La Fondation du patrimoine va lui suggérer les édifices pouvant bénéficier du programme, ces derniers devant déposer une candidature d’ici septembre 2025. Déjà, elle s’est elle-même mobilisée pour la restauration de la synagogue d’Elbeuf (Seine-Maritime), de Foussemagne (Territoire de Belfort) ou de Benfeld (Bas-Rhin), contribuant au renouveau de la vie et de la culture juives. Mardi, elle a par ailleurs octroyé un prix à la synagogue XIXe de Thann, dans le Haut-Rhin, accompagnant son projet de bibliothèque yiddish.