Incontournable des apéritifs, le vin rosé possède une particularité par rapport au blanc et au rouge : il est «météo-sensible». «La météo a un impact important sur les ventes de rosé en France», confirme Brice Eymard, directeur général du Conseil interprofessionnel des vins de Provence (CIVP). Autrement dit, il suffirait d’un rayon de soleil pour faire bondir les ventes. Si bien que la perspective des ponts de mai avec une météo quasi estivale ravive les espoirs des producteurs, un an après un printemps 2024 particulièrement maussade. «En mai, avec tous les week-ends prolongés, la consommation décolle clairement», ajoute Gérard Bertrand, le géant des vins du Languedoc.
Encore faut-il que le beau temps suive. «Ce n’est plus la saison qui fait vendre, c’est la météo», abonde Brice Eymard. Dans cette logique, la saison du printemps devient essentielle pour les producteurs, qui ne dépendent plus uniquement de juillet-août pour voir leurs ventes décoller, avec une consommation en avril et mai potentiellement aussi élevée qu’en été.
«Le printemps, c’est le lancement des ventes»
Comme beaucoup de produits de consommation météo-sensibles, le rosé répond également à la logique du moral des consommateurs. Une météo qui n’est pas au beau fixe, combinée à un climat social tendu, comme ce fut le cas l’an dernier, tout cela contribue à freiner les ventes. «C’est un cocktail assez défavorable à la consommation des produits conviviaux», souligne Brice Eymard. Or, le rosé reste par excellence le vin de la «convivialité, de l’apéritif et du partage.»
Malgré une baisse de 6 % des ventes en grande distribution en 2024, les professionnels de la filière restent optimistes. «Les producteurs sont, aujourd’hui, plus confiants», affirme Brice Eymard, qui se dit «prudemment optimiste» pour 2025. Dans un marché global où «le vin rouge est confronté à une baisse structurelle, car son moment de consommation, le repas traditionnel est en recul», le rosé tire son épingle du jeu. «On est, toutefois, rentré dans une ère de d’incertitude permanente. Mais les producteurs restent combatifs parce qu’on reste un produit très demandé», précise-t-il.
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Selon Gérard Bertrand, l’un des plus grands producteurs de rosé en France, la troisième couleur pourrait même progressivement s’affranchir complètement des saisons. Une tendance qui se confirme selon un sondage OpinionWay, selon lequel 62 % des Français pensent qu’il peut se boire toute l’année, y compris l’hiver. «Même si le succès du rosé s’est construit sur l’image du vin des vacances, il a évolué. Il y a plus de diversité, y compris des vins taillés pour la table ... et même pour la garde», fait observer Eric Pastorino, président du CIVP.