Philippe Collin, journaliste de France Inter : « En tant que service public, nous sommes des militants du savoir face à la révision de l’histoire »

Cela fera bientôt vingt-sept ans que sa voix parle aux Français. Philippe Collin est entré à France Inter en 1999 pour ne jamais quitter l’antenne du service public. Connu par ses fidèles auditeurs pour avoir animé l’émission « Panique au Mangin Palace », l’homme de radio est devenu un ambassadeur du savoir.

Titulaire d’une maîtrise en histoire, il a décliné sa passion sous toutes les formes : en bande dessinée avec la Patrie des frères Werner (Futuropolis, 2020), un premier roman, le Barman du Ritz (Albin Michel, 2024) et, surtout, en podcast, en lançant, à partir de 2021, sa collection « Face à l’histoire », qui cumule des millions de téléchargements. Avec la modestie et la pédagogie qui le caractérisent, il se livre sur son expérience et confie avec pudeur ses inquiétudes concernant le monde actuel.

Comment analysez-vous le succès de votre podcast « Face à l’histoire », qui comptabilise plus de 30 millions de téléchargements ?

Avant tout, les Français et les Françaises ont un goût certain pour l’Histoire. Ensuite, l’engouement pour le podcast peut s’expliquer par la période anxiogène que nous vivons. Le monde dans lequel nous avons tous grandi, depuis 1945 et jusqu’à maintenant, avait un ordre établi. Or, il est en train de vaciller.

Les repères se délitent, les témoins disparaissent. Nous nous retrouvons face à une sorte d’immense inconnue et cette situation se dégrade et s’accélère. De là naît peut-être un réflexe de vouloir se réapproprier un héritage pour comprendre un monde devenu très complexe, presque illisible par certains côtés, dans lequel des valeurs sont inversées.

Des questions surgissent : c’est quoi l’Histoire, la gauche, la droite, l’extrême droite, etc. ? En tant que républicain portant l’héritage de la République, on peut se sentir menacé. Je pense qu’il y a aussi, à travers l’écoute du podcast, le désir de se forger des arguments pour discuter, voire des armes...