"Je vais pouvoir la saluer tous les jours" : les habitants de la Porte de la Chapelle ravis de voir les statues de Gisèle Halimi et d'autres féministes installées au pied de leur immeuble
Elles ont surgi, toutes dorées, de la Seine, l’été dernier. Les statues féministes de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024. Elles sont désormais installées dans un quartier populaire, au nord de la capitale et y resteront pour, au moins, les trois prochaines années. Dans le 18ème arrondissement, deux premières statues viennent d’être posées dans la rue de la Chapelle, au grand bonheur des habitants.
"C'est une femme super !"
Tout au long de cette large rue récemment rénovée, tout près de la Porte de la Chapelle, les dix statues dorées s’installent, petit à petit, sur de grands socles. Elles seront au complet le 26 juillet, pour l'anniversaire de l'ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024.
L’avocate franco-tunisienne Gisèle Halimi est la première, "une femme battante" commente Dalila. Cette algérienne n’a pas suivi la cérémonie d’ouverture des JO mais se réjouit d’avoir sur son trottoir une telle figure. "Ohlala ! C'est une femme super. Qu’elle repose en paix. Elle a laissé un grand héritage". Alors à l'idée l’avoir dans son quartier, Dalila sourit : "je vais pouvoir la saluer tous les jours !".
D’autant que cela change encore le quartier, dit Dalila, habituée à cette mauvaise réputation. Elle raconte que "quand je dis à mes collègues je vis Porte de la Chapelle, on me demande si je n'ai pas peur ! Ça fait 45 ans que je suis dans le quartier, je suis très bien et là maintenant ça se modernise. Ça va augmenter le grade. C’est beau, ça fait un changement" ces statues et "c'est très très propre" désormais.
De grands arbres plantés, de larges pistes cyclables, de vraies promenades, au pied de ces statues. Amir confirme ce changement, lui qui revient régulièrement dans ce quartier de la Chapelle, où il a grandi. Il explique que "quartier était moins rassurant avant". Ces statues, "ça participe à rendre le quartier plus sympa qu’avant" estime-t-il, au pied de la deuxième statue, déjà installée : celle de Christine de Pizan, philosophe féministe de la fin du Moyen-Âge.
De bon augure pour l'avenir du quartier
Chacune de ces sculptures mesure 4 mètres, posée sur un socle haut de 2 mètres. Impossible de les rater. "C’est joli" s'extasie Victoire. Elle habite juste au-dessus de la statue de Gisèle Halimi. "On va avoir, nous aussi, des allées majestueuses". Elle est étonnée "que la ville ait choisi notre quartier, parce qu'avec tout ce qu'on vit ici" explique-t-elle, "nous, on a les drogués, on se dit qu'on est délaissés, que peut-être ça ne vaut pas la peine" que ces statues soient installées dans le quartier. "Alors que c'est magnifique ! On ne peut que dire merci qu'ils aient pensé à nous".
Victoire dit aussi que ces statues peuvent donner de la force aux jeunes habitantes du quartier, "pour que les petites filles qui vivent dans le coin, pour leur permettre d'aller encore plus loin". La mairie de Paris prévoit d'ailleurs des visites pédagogiques dès le week-end prochain, avec les habitants de la Porte de la Chapelle ; puis à la rentrée, avec les écoles du quartier.