À l’attention de ceux qui n’ont jamais vu ses spectacles précédents, Sandrine Sarroche commence par se présenter. Née à Toulon, l’humoriste est montée à Paris et a gagné en notoriété en passant chez Zemmour et Naulleau sur Paris Première. L’ancienne avocate a pris une bonne initiative, mais maladroite, car semée de jeux de mots un peu lourds. Par bonheur, le meilleur est à venir dans ce nouveau spectacle baptisé Sandrine Sarroche (« J’avais pensé à l’intitulé Saison 2, mais tout le monde n’a pas vu la Saison 1).
Dynamique, l’actrice se rattrape avec une suite de sketchs, parodies et autres numéros qui remportent l’adhésion de la salle. Elle sépare le public en deux catégories : à l’est, les bourgeois bohèmes, les « bobos », « toujours contents d’eux », et, à l’ouest, les « bonobos, ce soir, c’est vous ». La salle entière est charmée.
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L’imitatrice et chanteuse, notamment lyrique, se nourrit de ses observations de l’actualité sociale - « il y a des “gilets jaunes” dans la salle ? » - ou politique pour des diatribes désopilantes, et de ses amis « les pipoles ». Tour à tour, elle est Jane B., Fanny Ardant qui parle des « territoires » à Arielle Dombasle, Anne Hidalgo - « Vous croyiez qu’on n’allait pas en parler ! » -, Ghislaine, la coiffeuse pipelette, Olinda, la gardienne portugaise qui se plaint de Manuel, son mari « chaud comme un morceau de bacalao », Brigitte Macron qui conjure son illustre époux de se souvenir du jour où elle a « pris ses 17 ans », Jean Castex, « quand même ! ».
Heureuse d’être sur scène
Sandrine Sarroche évoque encore les pauvres et les riches. « Le pauvre est noir, le riche est bronzé. » « Est-ce que ça passe encore, ça ? », demande-t-elle. Apparemment, oui. Encouragée, elle entonne une ode aux « iels » sur un air de comédie musicale. Moment inoubliable.
Maintenant, je préfère dire mon âge que mon poids !
Sandrine Sarroche, humoriste
Inspirée par un congrès de la psychiatrie (le Congrès de l’encéphale Porte Maillot), l’humoriste n’oublie pas de se moquer d’elle, en particulier des dommages collatéraux de la ménopause. « Maintenant, je préfère dire mon âge que mon poids ! » Elle sait que le rire sauve de tout. Visiblement heureuse d’être sur scène, elle entend nous détourner de nos soucis quotidiens et nous distraire au sens pascalien du mot.
Dirigée par le comédien Julien Alluguette, au centre d’un cadre lumineux, Sandrine Sarroche accomplit un double exploit avec un sens du comique acéré et son charme naturel : elle fait du bien, énormément, et déculpabilise. Oui, on a le droit de rire de tout ! Il en faut peu pour être heureux, assurait son troisième one-woman-show. La comique donne beaucoup.
Une énergie sans compter
Ses textes, coécrits avec François Bernheim et Christian Bouclier, sont de la broderie. Elle les interprète avec le tempérament de la regrettée Sylvie Joly (également ex-avocate) et les chante d’une fort belle voix. Également danseuse, elle transmet son énergie sans compter, est « Au taquet ! », comme l’annonce le titre du jeu qu’elle anime sur France Bleu avec Valérie Damidot et Éric Bastien. En juin, cette travailleuse infatigable reprendra le rôle d’Antonio, le caissier, promu ministre du Budget dans Les Brigands d’Offenbach, mis en scène par Barrie Kosky à l’Opéra Garnier.
Sandrine Sarroche , au Théâtre des Mathurins (Paris 8e), jusqu’au 29 mars. Tél. : 01 42 65 90 00.