Emmanuel Macron et Bruno Retailleau : l’alliance d’intérêts de deux hommes que tout devait opposer
Au téléphone, Emmanuel Macron laisse éclater son mécontentement, ce soir du mercredi 19 février. Certes, l’un de ses plus proches fidèles, Richard Ferrand, vient de devenir président du Conseil constitutionnel, après un vote des parlementaires. Mais l’ancien président de l’Assemblée n’a dû sa validation qu’à l’abstention du Rassemblement national. Les députés Les Républicains ont voté contre lui, sous l’impulsion de Laurent Wauquiez. Tout comme la majorité des sénateurs LR, qui ont failli avoir la peau de l’impétrant.
Le président tient deux hommes pour responsables et estime qu’ils n’ont pas joué franc jeu. Gérard Larcher, président du Sénat avec lequel les relations sont fraîches depuis longtemps. Mais aussi Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur mais aussi ex-patron du groupe LR, toujours influent à la chambre haute. «Le président est furieux, rapporte l’un de ceux qui échangent avec lui ce soir-là. Cela va jeter un froid entre eux.» Ce que l’on n’a pas observé, pour l’instant, parmi les proches de Bruno Retailleau. Tandis que chez LR, on préfère railler la «culture du caporalisme» du camp Macron, en soulignant que les sénateurs sont jaloux de leur indépendance.
Simple accroc ou vrai coup de froid ? Jusqu’ici, depuis que Bruno Retailleau est devenu ministre de l’Intérieur sous la présidence d’Emmanuel Macron, leur relation était l’histoire d’un étonnant apprivoisement. Entre le chef de l’État et l’ex-lieutenant de François Fillon qui, depuis la défaite de son champion en 2017, ne l’avait jamais épargné de ses flèches, un véritable respect mutuel s’est installé. Certains témoins allant jusqu’à déceler une forme de complicité.
«Le golden boy face à l’ascète»
«C’est cocasse, s’amuse-t-on chez LR. Le curé et Jupiter cassent la croûte.» Le 20 janvier, Emmanuel Macron, Sébastien Lecornu…