À l’Élysée, Macron demande au président al-Charaa de protéger «tous les Syriens sans exception»

Le président syrien Ahmed al-Charaa et Emmanuel Macron à l’Élysée, mercredi 7 mai. Stephanie Lecocq / REUTERS

Le président syrien était reçu ce mercredi par Emmanuel Macron. Ce dernier a annoncé que la France plaidera pour une levée des sanctions contre la Syrie mais a exigé que les auteurs des récents massacres perpétrés contre des civils soient jugés et punis.

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Accueilli à Paris par un protocole minimaliste, Ahmed al-Charaa repart avec une promesse engageante. Lors d’une conférence de presse conjointe à l’issue de deux heures d’entretien à l’Élysée, Emmanuel Macron a annoncé que la France plaidera pour que les sanctions contre la Syrie ne soient pas renouvelées, lors de la prochaine réunion des 27 États membres de l’Union européenne, le 1er juin. «Je pense qu’il est de notre responsabilité de lever» les sanctions, a déclaré le chef de l’État français, le premier à recevoir l’ancien djihadiste depuis qu’il a pris le pouvoir à Damas en renversant le dictateur Bachar el-Assad, en décembre dernier.

Cette levée des sanctions – sectorielles et contre des individus – est cruciale pour que le pays puisse se relever de quatorze années d’une guerre dévastatrice. «Il y a des pays qui doutent», a ajouté Emmanuel Macron, en référence à certaines capitales européennes qui rechignent à un tel geste envers un dirigeant issu de la mouvance ultraradicale. Mais au cours de la conférence de presse, Emmanuel Macron a justifié l’engagement français envers la Syrie et surtout «le peuple syrien» qui a tant souffert sous le joug de Bachar el-Assad. Il a toutefois rappelé que la France avait une «position exigeante» à l’égard d’Ahmed al-Charaa, après les massacres perpétrés par des éléments affiliés à ses services de sécurité contre la minorité alaouite début mars et les tensions avec les Druzes, cette dernière semaine. «S’il continue de faire son chemin, nous ferons le nôtre», a déclaré Emmanuel Macron, rappelant les premières étapes de la transition, après la chute d’Assad.

La sécurité des Syriens comme «priorité»

Le président de la République a rappelé à Ahmed al-Chara son exigence que les auteurs des massacres soient jugés et punis. Son hôte a répété qu’ils le seraient, soulignant que «la sécurité des Syriens est notre priorité».

Sur le dossier délicat des djihadistes étrangers en liberté dans le nord-ouest syrien – dont une centaine de Français –, Ahmed al-Charaa a affirmé «avoir garanti à tous les pays (concernés) que ces gens ne constitueraient pas une menace» pour ces pays. Il n’a pas exclu de leur offrir la nationalité, si la Constitution future le permet.

Vis-à-vis des Kurdes alliés de la France dans la guerre contre Daech, Emmanuel Macron a rappelé l’attachement de la France : «Nous ne leur avons jamais manqué», a-t-il dit. Il n’a pas confirmé l’envoi de troupes françaises auprès d’eux pour remplacer les soldats américains en partance du nord-est syrien. Le chef de l’État préfère dans un premier temps tenter de convaincre les États-Unis de lever à leur tour les sanctions contre la Syrie, puis ensuite consolider la participation occidentale auprès des combattants kurdes contre Daech, qui demeure une menace.

Il a critiqué les frappes répétées israéliennes en Syrie, jugeant qu’elles ne garantiront pas «dans la durée la sécurité d’Israël». «Pour ce qui est des bombardements, des incursions, je pense que c’est une mauvaise pratique. On n’assure pas la sécurité de son pays en violant l’intégrité territoriale de ses voisins», a déclaré M. Macron.

De son côté, Ahmed al-Charaa a déclaré que des contacts indirects existaient avec Israël pour calmer la situation.