Le brouillard politique s’accompagne d’un attentisme économique de plus en plus marqué. Et c’est particulièrement vrai sur le marché du travail. Minées par les facteurs d’incertitude, les entreprises françaises sont de moins en moins nombreuses à prévoir de recruter des cadres sur le trimestre à venir (8%). Un niveau qui n’avait plus été atteint depuis 2021, selon les chiffres de l’Association pour l’emploi des cadres (Apec).
Cette contraction des intentions de recrutement est particulièrement marquée dans les entreprises de taille intermédiaire (ETI) et les grandes entreprises. Et encore, l’étude de l’Apec a été menée avant l’annonce du vote de confiance de François Bayrou le 8 septembre... Il y a tout juste un an, la dissolution de l’Assemblée et l’instabilité liée au retard de l’adoption du projet de loi de finances avaient provoqué l’attentisme dans les entreprises. Les mêmes causes risquent d’avoir les mêmes effets...
Passer la publicitéCela fait déjà de nombreux mois que le marché de l’emploi des cadres perd des couleurs ; en 2024, les recrutements avaient baissé de 8%. Il s’était accompagné d’une moindre tension sur les recrutements. Une tendance qui se poursuit en 2025, souligne l’Apec. La proportion d’entreprises anticipant des difficultés d’embauche de cadres au prochain trimestre s’établit ainsi à 65%, en chute de 17 points sur un an, «pour atteindre le niveau le plus bas enregistré en quatre ans». «Progressivement, la concurrence entre recruteurs se fait moins forte et les cadres sont par ailleurs moins souvent sollicités par les cabinets de recrutement», pointe l’Apec.
Craintes sur la sécurité de l’emploi
D’ailleurs, les recruteurs ne sont pas les seuls à être inquiets de cette situation. Les cadres le sont aussi, échaudés notamment par «l’atonie de l’économie française et son caractère instable». Seuls 23% gardent confiance dans la situation économique du pays, soit une baisse de 8 points sur un an.
La sécurité de leur emploi fait également partie de leurs préoccupations, tout comme les perspectives d’évolution dans leur entreprise. «Cette confiance entamée pousse certains cadres à prendre les devants », relève l’étude. Ils sont ainsi plus nombreux qu’il y a un an à se déclarer ouverts à toute proposition d’emploi dans une autre entreprise (31%, soit 3 points de plus qu’en juin 2024). Surtout, une part croissante de cadres envisage de changer d’entreprise au cours des trois prochains mois (15%, +2 points sur un an). Soulignant néanmoins la prise de conscience que retrouver un poste équivalent sera plus difficile, compte tenu d’un rapport de force qui leur est désormais «moins favorable».