De notre correspondant à Londres,
Un des plus grands mystères de la guerre secrète d'Irlande du Nord a sans doute été enterré avec un homme. Au printemps dernier, un dénommé Freddie Scappaticci est mort à l'âge de 77 ans. Pas de quoi faire les gros titres, si ce n'est que le septuagénaire aurait été «Stakeknife», le nom de code d'un militant de l'IRA qui fut une source de premier ordre des services secrets britanniques. L'agent double aurait dirigé une redoutable unité de l'organisation paramilitaire, chargée d'éliminer les traîtres. Il est mort alors qu'une enquête au long cours était sur le point de s'achever.
Pour lever le mystère sur ces sinistres agissements, le gouvernement britannique a déclenché en 2016 l'opération Kenova. Une enquête de police qui a duré sept ans, mobilisé jusqu'à 70 policiers pour mener plus de 300 entretiens et coûté plus de 40 millions de livres, afin de tenter de faire la lumière sur des meurtres et des actes de torture remontant aux années 1970. En se penchant sur la figure de «Stakeknife», il s'agissait aussi d'éclairer les méthodes des services secrets britanniques, notamment le MI5, le renseignement intérieur. Le rapport provisoire a été publié le mois dernier, avant une mouture plus détaillée…