Cyclisme sur piste: «dépassé» aux Mondiaux, le sprint français essuie un nouvel échec

Le sprint français pique sa crise. Photo News / Panoramic

Rien ne va plus pour les sprinters de la piste française, très déçus après une nouvelle désillusion lors des Mondiaux au Danemark, ce mercredi.

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Éliminé au premier tour en vitesse par équipes, le sprint français a vécu une nouvelle désillusion aux Mondiaux de cyclisme sur piste mercredi à Ballerup, au Danemark, où les athlètes ont demandé de «tout changer».

«Notre système, il a marché pendant très longtemps. Aujourd'hui, on est dépassés», a lâché Sébastien Vigier, pilier des Bleus, devant le recul de la France, ancienne nation phare du sprint, dans la hiérarchie mondiale. «On a énormément régressé. On est passés d'une médaille olympique (de bronze) et d'un titre de vice-champion du monde en 2021 à galérer à avoir des médailles et, cette année, à ne pas avoir de médaille du tout», a ajouté l'ancien champion d'Europe en individuel après la défaite dès le premier tour face à une équipe de Grande-Bretagne B mercredi en grande banlieue de Copenhague.

Cet été déjà aux JO de Paris, le collectif bleu, malgré d'énormes ambitions, avait sombré, échouant pour la première fois en sept olympiades à décrocher une médaille en vitesse par équipes, qui avait été longtemps sa chasse gardée, avant de se noyer aussi dans les épreuves individuelles.

À Ballerup, la France est apparue à des années-lumière de nations comme l'Australie ou les Pays-Bas qui ont défendu leur titre, permettant à Harrie Lavreysen de décrocher son 14e titre mondial pour égaler le record du Français Arnaud Tournant, tout un symbole. Lavreysen aura l'occasion de s'emparer seul du record dès jeudi alors que Vigier et Rayan Helal n'ont même pas été inscrits en vitesse individuelle et en keirin. Seul Melvin Landerneau, qui a pris le relais de Florian Grengbo, va prolonger son séjour pour disputer l'épreuve non-olympique du kilomètre.

Le changement, c’est maintenant ?

«Vu le niveau que l'on a, on ne peut pas jouer les premiers rôles», a souligné l'entraîneur Grégory Baugé, qui est apparu abattu après l'échec de mercredi avec une équipe certes «inédite» mais qui était quand même venue pour «jouer un podium», selon Landerneau. «Pour eux comme pour nous, l'échec de cet été n'a pas été facile, a ajouté Baugé. Il y a des choses qui doivent être réglées en profondeur. On prendra le temps après le Championnat du monde.»

Du changement, les coureurs en réclament de plus en plus fort, à commencer par Vigier qui se dit «fatigué mentalement parce que ça ne se passe pas bien». «Je pense qu'il faut tout changer. Les résultats ne sont pas là. Il faut repartir d'une feuille blanche. Le système français fonctionne comme ça depuis les années 2000. Moi, je pense qu'il y a tout à revoir», a ajouté Vigier qui pointe à la fois un problème de système et de personne.

«Peut-être qu'on n'est pas les plus talentueux du monde. Mais quand tu regardes les résultats jeunes de Mathilde (Gros), de moi, de Ryan, de Melvin, aujourd'hui, on n'est pas meilleurs que ce qu'on était quand on avait 20, 21 ans», a-t-il insisté.

Melvin Landerneau a lui aussi estimé que la France était «arrivée à la fin d'un cycle et d'un système qui ne fonctionne pas». Mais il a aussi constaté que les élections fédérales le 14 décembre représentent un moment «délicat» et que «ceux qui prennent les décisions sont forcément occupés à autre chose». «C'est compréhensible, a-t-il poursuivi. Mais nous, athlètes, on voit nos années s'écouler très vite.»