"S'il s'avère qu’Elon Musk utilise X pour amplifier ses opinions politiques, il y aura des conséquences" prévient la ministre française en charge de l’Intelligence artificielle et du Numérique

"S'il s'avère qu’Elon Musk utilise X pour amplifier ses opinions politiques, il y aura des conséquences", prévient la ministre déléguée chargée de l’Intelligence artificielle et du Numérique, Clara Chappaz sur France Inter, lundi 20 janvier. Donald Trump fait son retour à la Maison Blanche, avec Elon Musk au poste de conseiller spécial chargé de "l'efficacité gouvernementale".

France Inter : Il y a près de deux ans maintenant que la Commission européenne a ouvert une enquête contre Elon Musk et son réseau social X. Pour l'instant, il n'y a pas eu de sanctions prononcées contre Elon Musk. Est-ce qu'on peut faire confiance aux autorités européennes pour sanctionner, si jamais Elon Musk sort du cadre et s'il est avéré qu'il est sorti du cadre ?

Clara Chappaz : Il y a deux choses. Il y a, d'une part, Elon Musk et sa personnalité, et, d'autre part, X, la plateforme dont il est à la tête. La personnalité d’Elon Musk, je comprends qu'elle puisse choquer. Il a tenu un certain nombre de propos extrêmement vulgaires sur des chefs d'État, sur des patrons, sur un certain nombre de personnes. Ces propos-là, ce n'est pas ma vision du monde. Je pense que d'ailleurs son projet est assez clair, il est ouvertement réactionnaire, mais il est libre d'utiliser sa plateforme pour partager ses opinions. Il est libre d'exprimer ses opinions. Ce que demande la réglementation européenne, en revanche, c'est de s'assurer que la plateforme est responsable et qu'il n'utilise pas sa propre plateforme pour amplifier ses opinions. Elle demande que, en ligne comme hors-ligne, les mêmes lois s’appliquent. Elle demande que les plateformes s'engagent à être responsables et à mettre en place des démarches pour lutter contre la désinformation ou la manipulation de l'information.

Cela signifie que les plateformes ne font pas leur travail de régulation lorsque de fausses informations circulent, y compris en France ?

Le rôle de la Commission européenne n'est pas de dire ceci est vrai ou cela est faux. Son rôle, c'est de s'assurer que les plateformes sont responsables et mettent en place un certain nombre d'outils qui sont efficaces. Sur X, il y a un certain nombre d'enquêtes en cours. Il y a par exemple une enquête qui regarde la façon dont est effectuée la modération, l'efficacité des outils de modération sur X, notamment le fait d'utiliser la communauté pour modérer, contextualiser les contenus, apporter un certain type d'informations. S'il s'avère que les résultats de cette enquête nous font penser que ces outils ne sont pas efficaces et qu’Elon Musk utilise cette plateforme pour amplifier ses opinions politiques, nous sommes en infraction par rapport au DSA [Digital Services Act, le règlement européen sur les services numériques] et il y aura des conséquences.

Il y aura des sanctions économiques ? Même si Donald Trump décroche son téléphone et appelle Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission, en lui disant "Tu veux sanctionner Elon Musk ? Eh bien moi, j'augmente les droits de douane contre des voitures, contre des spiritueux, contre des produits de luxe ou alors je vais augmenter votre contribution à l'Otan ?"

Il faut nous faire confiance, à nous, Européens. Elon Musk, qui est patron du réseau X, a déployé son réseau en Europe, où nous sommes 450 millions de consommateurs. Il y a plus de personnes sur X, sur Meta, sur ces réseaux sociaux en Europe qu'aux États-Unis. Alors j'aimerais bien entendre de la part de ces patrons, s'ils refusent de se mettre en règle, ce qu'ils vont faire avec ça. Est-ce que ce n'est pas intéressant pour eux d'avoir leur réseau dans l'Europe ? En Europe, on a des droits, on a des lois. Il s'agit d'un État de droit. Si les plateformes refusent le fait qu'on a un certain nombre de règles, je pense qu'on aura un plus gros problème que ça.