Algérie : Retailleau n’exclut pas de démissionner si on lui demandait «de céder» sur le dossier algérien

Parmi les dossiers sensibles qui marquent le début de son mandat à Beauvau, celui des relations avec l’Algérie n’est pas des moindres. Pour en souligner l’importance, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, a fait savoir dans un entretien accordé au Parisien - Aujourd’hui en France et mis en ligne samedi que la ligne de fermeté qu’il prône vis-à-vis d’Alger était non négociable. Autrement dit, si elle venait à être remise en cause par le reste de l’exécutif, le ministre ne verrait plus d’utilité à rester à son poste. «Je ne suis pas là pour une place mais pour remplir une mission, celle de protéger les Français. Tant que j’ai la conviction d’être utile et que les moyens me sont donnés, je serai mobilisé. Mais si on me demandait de céder sur ce sujet majeur pour la sécurité des Français, évidemment que je le refuserais», a déclaré le ministre.

Dans Le Figaro, Bruno Retailleau avait exposé la direction qu’il souhaitait donner à la relation avec Alger, avec qui il estimait qu’il fallait passer au «rapport de force». Il annonçait ainsi une stratégie de «riposte graduée». Stratégie qu’il réaffirme dans ce nouvel entretien accordé au journal dominical. «J’ai été longtemps le seul au gouvernement à prôner ce rapport de force (...) Désormais, ma ligne (...) est celle du gouvernement», se félicite l’hôte de Beauvau, évoquant «au bout de la riposte», la remise en cause des accords de 1968.

Sécurité des Français

Pour lui, cette fermeté est une question de sécurité pour les Français. «Je ne veux pas d’un deuxième Mulhouse», déclare le ministre, au sujet de cet attentat dans la ville alsacienne le 22 février dernier, lorsqu’un Algérien sous OQTF a assassiné un Portugais et blessé trois policiers municipaux au cri de «Allah akbar». Dix fois, l’Algérie avait refusé de donner un laissez-passer consulaire à son ressortissant, malgré les demandes de Beauvau. Et Bruno Retailleau de rappeler l’envoi ce vendredi aux autorités algériennes d’une liste comportant des dizaines noms d’Algériens identifiés comme dangereux et que Paris veut expulser. Sur le retour au pays de ces individus, «je serai intransigeant», déclare le ministre, assurant que si Alger reprend ces ressortissants, «le problème sera réglé».

Dans cette interview, accordée à la veille d’une semaine où seront abordés plusieurs dossiers importants pour Beauvau, le ministre revient également sur la proposition de loi contre le narcotrafic, votée à l’unanimité par le Sénat et qui arrive, ce lundi, à l’Assemblée nationale. Malgré «l’arithmétique désespérante de l’Assemblée» où l’absence de majorité claire rend les discussions parfois complexes, le ministre dit «espére(r) un sursaut» sur ce qu’il estime être une menace «existentielle». «Les députés, qu’importe leur appartenance politique, doivent donner à l’État une loi fondatrice car aujourd’hui, nous ne luttons pas à armes égales».

Bruno Retailleau se redit notamment favorable aux «boîtes noires», ces algorithmes qui analysent massivement les métadonnées et permettent de pénétrer les messageries cryptées des trafiquants. Les élus ont retoqué cette disposition en Commission, mais le ministre affirme vouloir la réintégrer. «Il ne s’agit pas de mettre en place une surveillance généralisée», veut-il rassurer, mais de mieux lutter contre «des organisations à la pointe des technologies» qui coordonnent par ces messageries «leurs activités clandestines en toute impunité».