XV de France : «Le bon moment pour essayer», les Bleus évoquent le choix d’un banc en 7-1 contre l’Italie

Une nouveauté pour le XV de France. Qui va être scrutée près. Dimanche, pour le troisième match du Tournoi des six nations à Rome, le XV de France va évoluer, pour la première fois de son histoire, avec un banc des remplaçants en 7-1, avec sept avants et seulement un arrière (Maxime Lucu). Un choix tactique inédit pour les Bleus, une innovation qui avait été tentée par le sélectionneur des Springboks, le controversé Rassie Erasmus. Mais, pour les Bleus interrogés ce mercredi, le choix du staff tricolore va apporter un vent de fraîcheur.

Paul Boudehent, troisième-ligne des Bleus, raconte : «C’est sûr que ce n’est pas courant. Sincèrement, on n’a pas eu d’explications (du staff). Mais la déduction que j’en fais, c’est que c’était peut-être le bon moment d’essayer. En tout cas, le staff a jugé que c’était le bon moment pour nous, pour le groupe, de tenter cette composition. Je pense que c’est une bonne chose.»

Dans les faits, ce banc en 7-1 va complètement changer la physionomie du match face aux Italiens, sachant qu’un apport massif de sang neuf devrait avoir lieu autour de la 50e minute. Entrée d’un nouveau pack. «Le maître-mot c’est de se dire, en gros, qu’on donne tout pendant 50 minutes et que derrière il y a les sept gars qui rentrent, confirme Paul Boudehent. C’est quelque part un peu rassurant.» Et le solide Rochelais d’ajouter : «Peut-être que c’est moins le cas derrière, ils ont peut-être un peu moins de confort...»

Jegou pour dépanner au centre

En effet, en cas de pépins dans la ligne arrière, seul Maxime Lucu peut entrer en cours de jeu, ce qui pourrait donner lieu à une réorganisation complète chez les trois-quarts. Avec la rentrée de Maxime Lucu, Antoine Dupont pourrait glisser à l’ouverture et Thomas Ramos revenir à l’arrière, son poste de prédilection. Mais si un centre venait, en plus, à se blesser ? Paul Boudehent, qui était aux yeux du staff une option au centre lors de la dernière Coupe du monde en France, explique : «Vous l’avez sûrement vu à l’entraînement, c’est Oscar Jegou qui a travaillé pour éventuellement jouer au centre.»

Si cette configuration inédite du banc balise le match des avants, il ajoute cependant de l’incertitude chez les trois-quarts ? Y a-t-il la peur de jouer avec le frein à main pour éviter de se blesser ? «Honnêtement, ce n’est pas à nous de gérer ça, c’est plutôt au staff de se faire des nœuds au cerveau, avance le centre toulousain Pierre-Louis Barassi. Nous, on ne peut pas avoir le luxe de regarder.... Ça ne change pas grand-chose. Après, on sait que s’il y a des "pétés" derrière, il y aura du coaching entre les avants et les arrières.» 

Lors de la défaite frustrante des Bleus à Twickenham, Fabien Galthié et ses adjoints avaient opté pour un banc en 6-2, devenu classique. Nolann Le Garrec était bien entré en cours de match, mais Émilien Gailleton, l’autre arrière remplaçant, n’était pas sorti du banc. Le sélectionneur tricolore s’en était d’ailleurs excusé. L’Italie était-elle l’adversaire parfait pour tente cette expérience en 7-1 ? «Ce qu’il faut surtout que tout le monde garde en tête, c’est déjà avoir un peu d’humilité, balaie Paul Boudehent. Il faut s’enlever cette image qu’on a de l’Italie qui, il y a quelques années, prenait tout le temps la cuillère de bois et n’avait pas de bons résultats. Maintenant, ils n’ont que des très bons joueurs. On le voit sur leurs derniers résultats, ils font des excellents matchs. On considère cette équipe comme n’importe quelle autre.» 

Notre objectif c’est d’être les plus performants possible, je pense que c’est l’objectif aussi du staff. C’est juste une logique de rotation

Pierre-Louis Barassi

Pour cette troisième levée du Tournoi, le staff n’a pas hésité à faire des choix forts, en alignant Thomas Ramos à l’ouverture (comme en novembre) et Léo Barré à l’arrière, et en écartant l’ouvreur Matthieu Jalibert et l’ailier star des Bleus, Damien Penaud, pourtant deuxième meilleur marqueur de l’histoire du XV de France (37 essais), derrière Serge Blanco (38).

«On a un groupe élargi à 42, il y a plus de 50 joueurs qui viennent à chaque rassemblement, rappelle Pierre-Louis Barassi. Ce sont juste des rotations par rapport aux performances du week-end dernier. On le vit de manière normale, on connaît tous les joueurs qui sont ici. Notre objectif c’est d’être les plus performants possible, je pense que c’est l’objectif aussi du staff. C’est juste une logique de rotation.» Des choix forts qui seront scrutés de près face à la Nazionale, qui avait contraint la France au match nul (13-13) l’an dernier à Lille.