La hausse des charges des entreprises sera moins lourde que prévu par le gouvernement

Laurent Saint-Martin a promis ce mardi que le gouvernement devrait aboutir à un « compromis » sur la question des allégements de charges « dans les tout prochains jours ». Stephanie Lecocq / REUTERS

Clé de l’effort budgétaire du projet de loi de finances, la mesure devait rapporter 4 milliards d’euros. Ces économies pourraient être réduites de moitié.

Passer la publicité

Après le coup d’éclat de Laurent Wauquiez, chef de file des députés de droite, le « bloc central » trépigne. Dans ce budget amer, Michel Barnier a finalement lâché du lest sur la mesure qui irritait le plus sa famille politique : le report de six mois de l’indexation des retraites. Dans un esprit d’équité, les centristes aimeraient maintenant que le gouvernement fléchisse sur le dossier qu’ils veulent abattre à tout prix, certains l’appelant même leur « but de guerre » : le coup de rabot de 4 milliards d’euros prévu sur les allégements de charges patronales. Issu lui-même des rangs de Renaissance, le ministre des Comptes publics, Laurent Saint-Martin, a promis ce mardi que le gouvernement devrait aboutir à un « compromis » sur la question « dans les tout prochains jours » afin « qu’il y ait moins d’économies faites sur les allégements de charges que ce qui est proposé dans la copie initiale ».

L’idée serait de réduire de moitié le montant d’économies prévu, en visant un nouveau montant d’environ 2 milliards d’euros. Ce coup de rabot révisé se concentrerait ainsi sur les exonérations de charges patronales comprises entre 2,5 et 3,5 smics, qui coûtent environ 1,6 milliard d’euros par an. En revanche, le volet le plus polémique de la mesure, à savoir le relèvement de 4 points de cotisation au niveau du smic, serait abandonné. Reste à savoir si ce compromis sera suffisant pour les membres de l’ancienne majorité, qui réclament plutôt la disparition pure et simple de cette mesure. « Augmenter le coût du travail est une aberration en contradiction avec tout ce que nous portons depuis 2017 », argue un poids lourd du groupe Ensemble pour la République (EPR).

Presque hostile

Lors de l’examen en séance à l’Assemblée nationale, les députés du camp Macron avaient d’ailleurs voté contre, dans un climat presque hostile. L’ancien ministre Gérald Darmanin avait par exemple interpellé le locataire de Bercy : « Ne vous cachez pas derrière votre petit doigt, ce ne sont pas des économies (…) On n’est pas là pour augmenter les impôts des entreprises. » « Ce n’est ni une réforme, ni une économie, c’est une augmentation du coût du travail », ajoute le député Mathieu Lefèvre.

En coulisses, certains ministres en exercice, comme le ministre de l’Industrie, Marc Ferracci, seraient à la manœuvre pour trouver une alternative à cette mesure. Car si le gouvernement est prêt à reculer, il faut que les parlementaires proposent des coupes dans les dépenses équivalentes pour équilibrer le budget. Dans l’ancienne majorité, certains brandissent le retour de la « réforme de l’assurance-chômage » comme source potentielle d’économies supplémentaires ou la mise en place d’une deuxième journée de solidarité, une solution qui, pour l’instant, n’a pas les faveurs de Michel Barnier.