Cambriolage au Louvre : de l’intrusion dans le musée à l’arrestation du dernier membre présumé du commando, chronologie d’une enquête tentaculaire

Le 19 octobre dernier, un cambriolage inédit dans la galerie d’Apollon du musée le plus visité au monde suscitait beaucoup d’émotion. Et pour cause : des malfrats cagoulés et armés de disqueuses étaient parvenus, en sept minutes et en plein jour, à dérober au Louvre huit joyaux faisant partie du trésor national. S’en est alors suivie une ribambelle d’arrestations et de mises en examen, parallèlement à la sortie d’un rapport de la Cour des comptes épinglant la sécurité du musée. Le Figaro établit une chronologie des faits marquants depuis ce fameux cambriolage.

10 octobre : vol du véhicule ayant servi aux cambrioleurs

Le véhicule à nacelle ayant servi aux malfaiteurs lors du cambriolage et proposé à la location sur Leboncoin par un habitant de Louvres (Val-d’Oise), est volé. Le propriétaire, menacé par les malfrats, porte plainte.

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19 octobre : 7 minutes pour un cambriolage inédit

À 9h30, quatre individus vêtus de gilets de haute visibilité arrivent quai François-Mitterrand avec deux scooters et un véhicule à nacelle. Ils utilisent le bras télescopique pour accéder à la galerie d’Apollon, brisent une vitre avec une disqueuse, et volent neuf joyaux de la Couronne de France, dont des bijoux des reines Marie-Amélie et Hortense. L’opération dure sept minutes.

Lors de leur fuite, les cambrioleurs laissent tomber la couronne de l’impératrice Eugénie, qui est retrouvée endommagée. Les voleurs prennent la fuite sur des scooters en direction de l’autoroute A6.

Les visiteurs sont confinés puis évacués, et le musée est fermé les 19 et 20 octobre. Dans l’après-midi, le musée partage le bilan du vol. Le lendemain, Interpol ajoute les bijoux dérobés à sa base de données sur les œuvres d’art volées.

22 octobre : la directrice du musée reconnaît des «défaillances»

La présidente-directrice du Louvre, Laurence des Cars, est auditionnée par la commission des Affaires culturelles du Sénat. «Je ne veux ni me dérober, ni adopter une position de déni, je prends ma part de responsabilités. Il y a eu des défaillances», reconnaît-elle, confirmant avoir remis sa démission le jour du cambriolage à la ministre de la Culture.

24 octobre : des pièces précieuses du Louvre transférées à la Banque de France

Une partie des bijoux non volés ainsi que certaines des pièces parmi les plus précieuses du musée sont transférés à la Banque de France

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25 octobre : les deux premiers membres présumés du commando arrêtés

Deux suspects sont interpellés : l’un à l’aéroport de Roissy, alors qu’il s’apprête à partir pour l’Algérie, l’autre en tentative de fuite vers le Mali. Ils sont placés en garde à vue pour «vol en bande organisée et association de malfaiteurs criminelle», suspectés d’être deux des quatre auteurs du cambriolage. Les deux individus ont été identifiés grâce à leur ADN retrouvé sur les lieux du vol.

29 octobre : cinq nouvelles interpellations, dont celle d’un autre membre présumé du commando

Cinq autres individus sont interpellés par la BRB à Paris et en Seine-Saint-Denis. «Les cinq sont en garde à vue, dont un des cambrioleurs présumés», précisait au Figaro une source policière. Le suspect arrêté à Paris était l’objectif principal de ce deuxième coup de filet, tandis que les quatre autres interpellations concernaient des individus au rôle jugé «secondaire».

1er novembre : deux nouvelles mises en examen, dont celle d’un des cambrioleurs présumés

Trois personnes parmi les cinq interpellées le 29 octobre sont remises en liberté. Les deux autres sont mises en examen, l’un pour «complicité de vol en bande organisée et association de malfaiteurs criminelle», l’autre pour «vol en bande organisée et association de malfaiteurs».

6 novembre : sortie du rapport de la Cour des comptes

La Cour des comptes présente un rapport sur la gestion du Louvre entre 2018 et 2024 et ne manque pas d’épingler le musée. «(Il) a privilégié les opérations visibles et attractives au détriment de l’entretien et de la rénovation des bâtiments et des installations techniques, notamment de sûreté et de sécurité», estiment les Sages. «Malgré d’abondantes ressources, le musée, par défaut de hiérarchisation de ses nombreux projets, est confronté à un mur d’investissements qu’il n’est pas en mesure de financer», accuse le rapport.

Le projet de rénovation du Louvre voulu par Emmanuel Macron, «est désormais évalué à 1,15 milliard d’euros» par la Cour des comptes, «dont 481 millions d’euros sur les dix prochaines années». Annoncé en janvier, ce dernier était pourtant évalué à environ 700 à 800 millions d’euros.

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7 novembre : le Louvre présente des «mesures d’urgence» sur la sécurité

La direction du Louvre présente des «mesures d’urgence» de sécurité lors d’un conseil d’administration extraordinaire. Elle annonce la création d’un poste de «coordonnateur sûreté», le déploiement d’équipements de mise à distance et l’installation de caméras supplémentaires. Les syndicats critiquent l’absence de nouveaux moyens humains.

12 novembre : la suspecte remise en liberté, sous contrôle judiciaire

Une femme de 38 ans, mise en examen pour complicité, est remise en liberté sous contrôle judiciaire. Elle est interdite de contact avec ses complices présumés et de sortie du territoire, et est présentée comme la compagne d’un homme de 37 ans soupçonné d’être un des quatre membres du commando ayant dérobé les joyaux.

18 novembre : Rachida Dati estime qu’il faudrait «presque» fermer le musée pour le remettre aux normes

Au lendemain de l’annonce de la fermeture d’une galerie du musée du Louvre en raison d’une «fragilité» de l’édifice, la ministre de la Culture déclare que «pour le remettre totalement aux normes et totalement d’aplomb, il faudrait presque le fermer». Mais «on ne veut pas priver les visiteurs et on ne veut pas non plus priver les agents de leur travail. Nous sommes obligés de le faire par étapes.»

19 novembre : la directrice du musée annonce l’installation d’un poste de police «mobile»

La directrice du Louvre Laurence des Cars détaille lors d’une audition devant la commission des Affaires culturelles «plus d’une vingtaine» des mesures prises en urgence, qui «se déploieront dans les prochains jours, dès ce mois de décembre». Parmi elles, l’installation d’un poste de police mobile au sein du musée ainsi que l’ajout de 100 caméras d’ici fin 2026.

25 novembre : quatre nouvelles interpellations, dont celle du dernier des quatre suspects du commando

Quatre personnes supplémentaires, deux hommes de 38 et 39 ans et deux femmes de 31 et 40 ans, tous originaires de région parisienne, sont interpellées, dont l’un des membres présumé du commando. Le parquet refuse de préciser avant l’issue de leur garde à vue ce dont elles sont soupçonnées, alors que les bijoux demeurent introuvables.