États-Unis : Katie, ce chihuahua qui fait la guerre aux rats à New York

En 2024, la chienne Katie, quatre ans, aura tué au moins 364 rats à New York, ville des États-Unis où elle habite avec sa maîtresse Sarah Darby. Une évolution de 216% par rapport à 2023, où le canidé adopté dans un refuge texan en 2022 a chassé 115 rongeurs. Depuis janvier dernier, une carte à code couleur disponible sur Google et appelée «Les rats de Katie en 2024» recense chaque rat tué par le chien de 5,6 kilogrammes à 28% chihuahua, à 16% carlin, à 16% rat terrier et à 40% bâtard, rapporte le New York Times

Les jours les plus productifs de Katie sont les jeudis. Chaque couleur représente deux mois de l’année. Capture d’écran «Katie’s rats 2024» - Google Maps

Environ 40% des rongeurs tués se trouvaient à Prospect Park, un parc public situé dans l’arrondissement de Brooklyn. Les autres vivaient leur vie de rat «sur les trottoirs des quartiers de Park Slope», où vit Sarah Darby. «Tous se trouvaient à environ un mile du domicile de Mme Darby, et presque tous, a-t-elle dit, étaient à proximité d’une poubelle ou d’un sac de déchets», détaille le quotidien américain. Pour des raisons inexpliquées, le mois le plus prolifique de Katie est celui de septembre (76 victimes) et ses jours les plus productifs sont les jeudis. Le 10 octobre, enfin, a été une journée historique : 10 victimes.

Environ 3 millions de rats à New York

Comme à Paris, les rats, qui pullulent dans la ville qui ne dort jamais, sont un véritable enjeu de salubrité. Selon une dernière estimation en 2023 par une société de lutte contre les nuisibles, la population de rats comporterait environ 3 millions d’individus, soit le tiers de la population new-yorkaise. En 2022, 60.000 signalements officiels faisant état de la présence de rongeurs dans des propriétés étaient recensés. En 2021, ce chiffre était deux fois moins élevé.

La population de la ville est dominée par le rat brun norvégien, Rattus norvegicus, originaire de Chine mais répandu dans le monde entier par les voiliers norvégiens au 18e siècle. Selon l’Université Columbia , ils sont arrivés aux États-Unis sur des bateaux vers 1776, «transportés dans des caisses de céréales par des soldats allemands recrutés par les Britanniques pour combattre les colons américains».

Depuis un an, le maire démocrate de New York Eric Adams a fait de l’éradication des rats l’une de ses priorités politiques, allant jusqu’à présenter en juillet dernier, dans une séquence qui a amusé les internautes, le modèle officiel de la poubelle qu’il a décidé de rendre obligatoire pour tous les habitants de la ville. Jusqu’ici, les New-Yorkais pouvaient laisser des sacs d’ordures dans la rue, ce qui attirait les rongeurs. Et en avril 2023, l’édile avait nommé une directrice municipale de la lutte contre les rongeurs en la personne de Kathleen Corradi, surnommée «la Tsarine des rats».

«Combat mortel»

Cette dernière peut compter sur Katie et Sarah Darby. Avant chaque sortie, la conseillère pédagogique «plie des feuilles de papier absorbant en rectangles parfaitement nets» pour récupérer les rats morts et les jeter, explique le NYT. «Avant, je n’en emportais que deux, et puis ce n’était plus suffisant. Ensuite, j’en emportais quatre, et ce n’était plus suffisant. Alors maintenant, j’en emporte six», affirme-t-elle. Dans son quartier, les observations de rats ont augmenté de 11 % depuis l’année dernière.

Mais cette chasse fait-elle courir un risque au chien ? «Madame Darby ne craint pas que Katie ne s’empoisonne : elle ne mange jamais sa proie. La leptospirose, une maladie potentiellement mortelle transmise par les rats, est un danger, mais Katie est vaccinée contre elle deux fois par an. Il arrive parfois qu’un rat morde le visage de Katie au cours de son combat mortel, mais Sarah Darby a appris à nettoyer les blessures superficielles», rapporte le New York Times. Après chaque chasse, «Madame Darby lave les pattes des Katie». Et si le chien a été mordu, Sarah Darby «tamponne la coupure avec de la chlorhexidine».

«Ma vie n’est pas très folle à part ça»

Ce «travail» des chiens dans l’éradication des rats à New York n’est pas nouveau. Des groupes de chasse existent depuis de nombreuses années à Big Apple. L’un des plus connus, «Rats» pour Ryders Alley Trencher-fed Society (Ryders Alley était autrefois une ruelle du centre-ville infestée de rats, et «trencher-fed» fait référence à la possession de chiens pour chasser), a vu le jour en 1995 et intervenait sur demande des habitants de Harlem les vendredis soir principalement. Depuis peu, affirme le quotidien new-yorkais, ce «social club» n’est plus en activité. 

Des membres de la «Ryder’s Alley Trencher-fed Society (R.A.T.S.)» se réunissent avec leurs chiens pour dératiser un quartier du sud de Manhattan, en mai 2021 à New York. ANGELA WEISS / AFP

Heureusement, Katie prend sa part. Sarah Darby, elle, a avoué qu’il lui avait fallu «un certain temps pour accepter l’obsession de Katie». «Ma vie n’est pas très folle à part ça (...) et c’est un aspect de ma vie qui est complètement fou», conclut-elle.