Un PC de sécurité vétuste, des équipements vieillissants ou plus adaptés, certaines caméras de surveillance obsolètes... Après les sénateurs, les magistrats de la Cour des comptes et les enquêteurs de l’Inspection générale des affaires culturelles (IGAS), c’est au tour des députés de dresser un constat désolé du système de sûreté du Louvre. Une dizaine d’entre eux, de tous horizons politiques - dont Alexandre Portier, président de la commission, Jérémie Patrier Leitus, rapporteur des crédits du patrimoine, Maxime Michelet (UDR), Alexis Corbières (Écologie) ou Céline Calvez (Ensemble pour la République) -, avait souhaité se rendre sur place après l’audition de la présidente du musée Laurence des Cars, le 19 novembre. Si la séance de questions-réponses avait été tendue, cette fois, selon plusieurs témoignages, l’ambiance était plutôt studieuse.
La troupe a déambulé pendant une bonne heure, cornaquée par le Louvre qui s’est montré, selon un des participants, « transparent ». PC de sécurité (pièce dont la petitesse a étonné tout le monde), galerie d’Apollon où les cambrioleurs sont entrés par une fenêtre, caméras parfois hors d’âge... La visite aura permis aux députés de toucher du doigt une réalité ayant éclaté au grand jour, le 19 octobre. « Nous avons vu que la mesure du risque n’avait clairement pas été prise et, ce, depuis de longues années. Le gap technologique n’a pas été franchi au Louvre », juge Jérémie Patrier Leitus.
Passer la publicité« Tout remettre aux normes »
Le musée est une ville - 240 000 mètres carrés, près de 9 millions de visiteurs et 14 millions pour le jardin des Tuileries - par essence difficile à sécuriser totalement. « Nous avons pris conscience de l’immensité des espaces, et de ce que cela coûterait de tout remettre aux normes », concède le député. À la question savoir s’il n’était pas possible de doubler la sécurité privée, déjà en poste à l’entrée de la pyramide, les députés se sont par exemple vus répondre que la facture grimperait alors de plusieurs millions d’euros.
Le 28 octobre, une délégation de Sénateurs avait tiré les mêmes conclusions. Cour Napoléon, devant la pyramide, Laurent Lafon, président de la commission Culture avait déclaré : « nous ressortons de cette visite avec l’intime conviction qu’il est nécessaire maintenant de réaliser dans les plus rapides délais le schéma directeur de sécurité ». Celui-ci est chiffré à 80 millions d’euros et devrait démarrer début 2026. En dehors des questions de responsabilités et de l’enquête policière - au moment de la visite, on apprenait que quatre nouvelles personnes avaient été interpellées -, l’heure est désormais à l’action pour redresser ce désastre.
Des mesures d’urgences ont déjà été annoncées, dont la création d’un poste de coordonnateur sûreté rattaché à la présidence du musée, l’installation de 100 caméras supplémentaires (sur un total de 1 300) dans les prochains mois, un renforcement des liens avec la police, ou la mise en place de dispositifs anti-bélier sur les points d’accès du Louvre et des Tuileries.