David Byrne et les Talking Heads, albums de la semaine

David Byrne, Who is The Sky ? (Matador Records)

L’ancien leader des Talking Heads préfère aller de l’avant plutôt que de retrouver ses anciens camarades. Alors que le groupe qu’il a formé à la seconde moitié des années 1970 est de plus en plus influent, le chanteur et guitariste a décliné une tournée de lucratives retrouvailles. Cette infatigable tête chercheuse revient avec un nouvel album solo qui s’avère un des meilleurs d’une carrière amorcée en 1989, année de la fondation de son label de musique du monde, Luaka Bop.

Réalisé par le quadragénaire Kid Harpoon (collaborateur de Miley Cyrus et Harry Styles), l’album est traversé par une énergie et un enthousiasme extraordinaires. L’écriture de Byrne, aux confins de l’absurde, ( I Met the Buddah at a Downtown Party !) est tout à fait en verve sur ces chansons qui donnent envie de tout lâcher et de danser. Everybody Laughs et What is the Reason for it ?, duo avec la jeune Hayley Williams (du groupe Paramore) sont de véritables manifestes à la bonne humeur. Byrne chante à merveille de sa voix étranglée légendaire, et bénéficie de l’accompagnement extravagant du Ghost Train Orchestra, formation new-yorkaise culte.

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David Byrne n’a pas sonné aussi bien sur un de ses albums depuis ses collaborations avec Brian Eno et St Vincent, respectivement en 2008 et 2012. L’artiste multimédia, aussi à l’aise dans l’avant-garde artistique que la chanson populaire, est aussi une bête de scène. On a hâte d’entendre le traitement qu’il réservera à ses nouvelles chansons lors de sa prochaine tournée, qui passera par la Seine Musicale les 18 et 19 mars prochains.

Talking Heads, More Songs about building and food (Rhino)

Après le premier album de la formation, Talking Heads : 77, l’album More Songs About Buildings and Food, sorti initialement en 1978, bénéficie lui aussi d’une réédition luxueuse. Il s’agit de la première de trois collaborations fructueuses avec Brian Eno, qui connaîtra son apothéose avec Remain in Light en 1980. Mais ce disque porte en germe tout ce qui fera la singularité de l’alliance créative entre Byrne et Eno. L’Anglais, qui a troqué sa place dans Roxy Music contre une carrière de réalisateur artistique, met au point plusieurs des procédés qui feront la fortune de U2 sur ce disque.

L’album apportera son premier succès radio à la formation, avec la reprise tout à fait originale du Take Me to The River d’Al Green. Prise sur un tempo ralenti, cette version illustre à merveille le funk blanc dans lequel excellait le groupe. Disque fourmillant d’idées et de bonnes chansons, More Songs about Buildings and Food fut le premier album enregistré dans les studios Compass Point de Nassau (Bahamas). Une manière de quitter leurs repaires new-yorkais pour ces habitués du CBGB’s. Cette ample réédition contient un livre riche en photos, l’enregistrement d’un concert et de nombreux bonus. Une belle manière de revisiter ce disque qui est sorti, hasard du calendrier, quelques semaines avant le nouveau David Byrne.