Royaume-Uni : la justice ordonne la fermeture d’un hôtel accueillant des migrants
La justice britannique a ordonné ce mardi à un hôtel situé près de Londres de cesser temporairement d'héberger des demandeurs d'asile, à la demande de la municipalité après de violentes manifestations anti-immigration survenues depuis fin juillet.
Ce recours avait été déposé le 12 août par le conseil local d'Epping, après des tensions qui ont éclaté suite à l'inculpation d'un demandeur d'asile accusé d'avoir tenté d'embrasser une adolescente de 14 ans, ce qu'il nie. À plusieurs reprises et sous forte présence policière, des rassemblements ont eu lieu devant l'hôtel Bell, connu pour accueillir des demandeurs d'asile. Certains ont dégénéré en violences, qui ont fait huit blessés parmi les forces de l'ordre et ont abouti à l'inculpation d'au moins dix personnes.
Passer la publicitéDes rassemblements tendus ont eu lieu devant plusieurs autres hôtels hébergeant des migrants au Royaume-Uni, y compris dans le quartier financier de Canary Wharf à Londres où la police a arrêté six personnes dimanche. L'été dernier, lors de violences anti-immigration, des émeutiers avaient tenté d'incendier un de ces établissements à Rotherham, dans le nord-est de l'Angleterre.
«Une excellente nouvelle» selon le président du conseil local
Le juge Stephen Eyre de la Haute Cour de Londres a indiqué mardi que les demandeurs d'asile logés à l'hôtel Bell avaient jusqu'au 12 septembre pour quitter les lieux. Pendant l'audience, les avocats du ministère de l'Intérieur ont affirmé qu'une telle décision nuirait gravement à la capacité de l'État à fournir un hébergement aux demandeurs d'asile dans tout le Royaume-Uni.
«Ces dernières semaines ont mis notre communauté à rude épreuve, mais aujourd'hui, nous recevons une excellente nouvelle», s'est réjoui le président du conseil local, Chris Whitbread, après la décision. Le succès du recours d'Epping pourrait pousser d'autres localités britanniques à refuser que des hôtels soient utilisés pour héberger des demandeurs d'asile.
32.000 migrants logés dans des hôtels
Le gouvernement travailliste a promis de réduire le recours à ce mode d'hébergement onéreux, et affirme que le nombre d'établissements utilisés est déjà passé de 400 à l'été 2023 «à moins de 210». Selon le ministère de l'Intérieur, plus de 32.000 migrants étaient logés dans des hôtels fin mars, aux frais du contribuable britannique.
Le Premier ministre Keir Starmer, qui avait promis de lutter contre l'immigration, n'a pas réussi à arrêter les traversées de la Manche. Depuis son arrivée au pouvoir début juillet 2024, plus de 50.000 migrants sont arrivés sur les côtes anglaises en petits bateaux, dont près de 28.000 depuis le début de l'année, selon les chiffres publiés par le ministère de l'Intérieur.