Alors que le jeune chef est programmé le 6 novembre à la Philharmonie de Paris, la CGT Spectacle réclame une «contextualisation» sur le conflit israélo-palestinien, avant le concert. Natalie Dessay, Martha Argerich ou Levgueni Kissin ont signé une pétition en faveur de «la liberté de la musique».
Passer la publicité Passer la publicitéNe rien lâcher! alors que la CGT spectacle tonne contre la venue de l’Orchestre philharmonique d’Israël à la Philharmonie de Paris, le 6 novembre prochain, plus de 4 800 musiciens et amateurs d’art lyrique ont signé une pétition en faveur de son chef, Lahav Shani, et de la «liberté de la musique».
«Assimiler un orchestre à la politique d’un gouvernement c’est instaurer une culpabilité par nationalité, contraire à l’esprit même de la culture et à la liberté de création» estiment des artistes et chefs d’orchestre dont Martha Argerich, Semyon Bychkov, Susana Mälkki, Regis Pasquier, Natalie Dessay, Jean-Philippe Collard, Philippe Cassard, Frédéric Chaslin, Lorraine Campet, ou encore, Levgueni Kissin.
Passer la publicitéDans un communiqué publié jeudi dernier, la CGT réclame que la Philharmonie de Paris «rappelle à son public les accusations gravissimes qui pèsent contre les dirigeants de ce pays, et la teneur des crimes commis à Gaza ». Ce à quoi les signataires rétorquent: «Exiger qu’un concert soit précédé d’un avertissement politique reviendrait à placer la création sous surveillance idéologique». Faudrait-il, écrivent-ils, «lire un communiqué avant chaque symphonie russe, soliste chinois ou même américain? ».
Soutenu par Daniel Barenboïm
L’orchestre philharmonique d’Israël, dont Shani est directeur musical, est financé à hauteur de 10% par des deniers publics, et à 90% par des mécènes. Si la CGT voit en Lahav Shani un «ambassadeur culturel d’Israël dans le monde », les signataires rappellent qu’il n’est «ni diplomate, ni propagandiste, mais musicien». Le jeune chef d’orchestre, soutenu par Daniel Barenboïm, fait partie, à l international, des baguettes les plus prometteuses de sa génération. Réclamant que la Philharmonie maintienne son concert «sans réserve», les signataires estiment qu’«aucune paix ne naîtra du silence imposé aux artistes».
Mi-septembre, Shani avait subi un boycott, alors qu’il devait se produire au festival de Flandres, à Gand, en Belgique. Les organisateurs du Festival déploraient que le chef d’orchestre n’ait pas « clarifié sa position » à l’égard de la politique israélienne, ce qui l’avait amené à publier un communiqué. «Comme beaucoup d’Israéliens, je n’ai pas renoncé à mes valeurs humaines, écrivait-il. Il est impossible de rester indifférent à la souffrance des civils de Gaza face à la catastrophe que cette guerre leur a infligée. Tout doit être mis en œuvre pour mettre fin à la guerre le plus rapidement possible et entamer le long processus de guérison et de reconstruction pour les deux sociétés».
Le milieu musical, par une pétition sur Change.org, avait dans le même temps fait part de son indignation, via une première pétition lancée par la pianiste Martha Argerich. Le ministre de la Culture allemand et le premier ministre belge avaient, de leur côté, dénoncé ce « boycott » antisémite, ternissant « la réputation » de la Belgique.
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Lahav Shani et le philharmonique de Munich se sont ensuite produits, en septembre, à Paris, au Théâtre des Champs-Élysées. La représentation a été troublée par un cri dans le public, avant de suivre son cours. Aujourd’hui, un accord de cessez-le-feu a été passé entre Israël et le Hamas - ce qui, visiblement, ne semble pas faire changer de pied la CGT spectacle.