Des centaines de milliers de cigarettes, des plants de cannabis, et des preuves de trafic d’êtres humains, c’est ce qu’a découvert la police britannique ces trois dernières semaines, au cours d’une importante opération de perquisition menée dans de nombreuses villes du Royaume-Uni. Selon un rapport de la National Crime Agency (NCA) publié ce jeudi et révélé par le quotidien The Guardian, l’intervention a ciblé 265 commerces de rue de plusieurs villes du Royaume-Uni, notamment des salons de coiffure.
Baptisé «Operation machinize», ce vaste coup de filet a été orchestré par la NCA, l’agence gouvernementale chargée de la lutte contre le crime organisé. Cette dernière a mené une action conjointe avec 19 forces de police différentes et des agences de renseignement nationales, à l’instar du Home Office Immigration Enforcement. Les enquêteurs ont ciblé les commerces soupçonnés de détenir d’importantes sommes d’argent liquide, potentielles preuves d’un trafic entre les tenanciers. Le bilan fait état de 35 arrestations ainsi que de la saisie de 40.000 livres sterling en coupures, 200.000 cigarettes, 7000 paquets de tabac et 8000 cigarettes électroniques. La police a en outre découvert deux fermes de cannabis, renfermant plus de 150 plantes, et procédé à la fermeture d’une dizaine de magasins. Plusieurs comptes bancaires privés ont été gelés, représentant une somme d’environ un million de livres sterling.
Esclavage moderne
Alors que l’enquête se poursuit, les autorités ont indiqué dans leur rapport avoir mis en sûreté 97 personnes, qui auraient été victimes d’esclavage moderne. « Nous avons constaté des liens avec le trafic et la distribution de drogues, la criminalité liée à l’immigration organisée, l’esclavage moderne et la traite des êtres humains», a déclaré au Guardian Rachael Hebert, directrice adjointe à la NCA. Dan Jarvis, le ministre britannique de la Sécurité, a réagi en affirmant au journal que ces opérations de police mettaient en exergue «l’ampleur et la complexité à laquelle nos villes sont confrontées».
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Selon la NCA, les réseaux criminels génèrent chaque année plus de 12 milliards de livres sterling, soit 13,8 milliards d’euros. L’agence précise que les organisations profitent du blanchiment afin de sortir l’argent du territoire britannique. « Les entreprises à forte intensité d’argent liquide telles que les salons de coiffure, les magasins de vapotage, les bars à ongles, les confiseries à thème américain et les lave-autos sont souvent utilisées par les criminels pour dissimuler l’origine de l’argent illicite », a déclaré l’agence dans son communiqué. « Les gangs criminels sont connus pour acheter de telles entreprises en utilisant les produits de la criminalité, ce qui leur procure un revenu légitime et des possibilités de blanchiment d’argent».
La lutte contre les trafics, notamment le trafic d’êtres humains, est un enjeu majeur au Royaume-Uni. Au mois de janvier 2025, Elon Musk avait relancé la polémique autour du scandale des «Grooming gangs», un vaste réseau de violeurs pakistanais. Dans son manifeste électoral lors des dernières élections, le Parti travailliste avait fait de «la réduction de moitié des crimes» et de «l’élévation de la confiance dans la police et la justice pénale à son plus haut niveau» un des cinq piliers de son action. Récemment, le premier ministre Keir Starmer a affirmé vouloir renforcer la lutte gouvernementale contre l’immigration illégale.