Notre critique de Lilo et Stitch : un live action qui redonne du poil à la bête Disney

Il était une fois, un film dont la lourde tâche était de faire oublier la catastrophe critique, commerciale et écologique de Blanche-Neige,  sortie deux mois plus tôt. Et qui avait pour mission de redorer l’image de Disney, en crise existentielle avec ses « live action », ces longs-métrages en prises de vues réelles créés pour moderniser les classiques d’animations. Cela faisait bien longtemps que nous avions quitté ce navire. L’aventure avait pourtant bien commencé quinze ans plus tôt, avec des réadaptations plutôt originales comme Alice aux Pays des merveilles, Maléfique , Cendrillon, La Belle et la Bête et Cruella.

Le sort de La Petite Sirène et de Blanche-Neigest beaucoup moins enviable, avec leurs sorties perturbées par des polémiques sur la couleur de peau des deux princesses, la réécriture trop libre des scénarios, le résultat en deçà des attentes... Avec Lilo et Stitch, le réalisateur Dean Fleischer Camp (et ses producteurs) parie sur la nostalgie. On s’en doutait déjà un peu depuis la sortie de la première bande-annonce mais Lilo et Stitch est bien loin d’être le pire live action.

Notamment parce que le réalisateur américain de 43 ans a fait le choix de conserver l’essence du dessin animé. En s’interdisant toute nouveauté, réécriture ou folie, Dean Fleischer Camp ne cache pas son ambition : ne pas décevoir les fans du film de 2002, là où La Petite Sirène et Blanche-Neige ont échoué. Une décision sans prise de risque un peu trop facile mais lui permettant d’éviter plusieurs polémiques. Le réalisateur a décidé de reprendre à la ligne près le scénario singulier et touchant de Lilo et Stitch, assez différent des classiques traditionnels. Oubliez les princesses et les princes charmants, les méchantes reines et les méchantes belles-mères et partons plutôt sous le soleil brûlant d’Hawaï, avec ses belles plages et ses beaux cocotiers.

Une copie conforme du film de 2002 plutôt réussie

Lilo est une jeune orpheline hawaïenne au caractère bien trempé. Un peu comme son idole Elvis Presley qu’elle écoute en boucle à seulement six ans. Elle répond à ses professeurs, pousse de la scène une de ses camarades de danse et ne se laisse pas faire. Pas étonnant que sa sœur de 18 ans soit au bout du rouleau ! Et ne parlons pas des éducateurs qui sonnent tous les jours à leur porte pour vérifier si Nani s’occupe bien de sa sœur. Les deux s’aiment beaucoup, il n’y a aucun doute, mais depuis la mort de leur parent, la vie n’a plus rien d’un conte de fées. Lilo, plongée dans une solitude atroce, recherche désespérément un ami. Stitch, cet adorable extraterrestre bleu qui fuit son créateur, le professeur Jumba et sa planète, arrive au bon moment. De son coté, Nani essaye de jongler comme elle peut entre son travail, la garde de sa sœur et désormais celle de son nouvel animal de compagnie tombé du ciel, dont le passe-temps est de détruire tout ce qui l’entoure.

Sous son aspect enfantin, Lilo et Stitch est une belle leçon de vie sur la famille que Dean Fleischer Camp retranscrit avec amour. « Ohana signifie famille. Famille signifie que personne ne doit être abandonné ni oublié », scande Lilo, rappelant qu’une « vraie famille n’est pas parfaite ». Pour coller au mieux au dessin animé, le réalisateur américain a tenu à engager des actrices hawaïennes, Maia Kealoha (Lilo) et Sydney Elizebeth Agudongn (Nani). Les jeunes comédiennes parviennent à merveille à redonner vie aux personnages du classique Disney. À la fin de la séance, nous ne savons même plus si nous venons de voir le film de 2002 ou la version 2025. Seul Stitch a perdu un peu de charme (la faute aux effets spéciaux) et ressemble davantage à une peluche géante plutôt qu’à l’adorable créature du dessin animé. Peluches déclinées en différentes versions que Disney n’a pas hésité à commercialiser avant même la sortie du film.

Stitch a perdu un peu de charme dans cette réadaptation et ressemble davantage à une peluche géante plutôt qu’à l’adorable créature du dessin animé. DISNEY

Pour retrouver les paysages du classique d’animation, le réalisateur a obtenu de tourner intégralement à Hawaï. Décision qu’on ne peut que saluer. Contrairement à Marc Webb et à son Blanche-Neige qui n’a jamais quitté les studios américains, ce qui se ressent fortement. Dean Fleischer Camp utilise beaucoup moins de fonds verts comparés à d’autres live action, rendant sa photographie plus authentique. Nous n’avons pour une fois, pas l’impression d’être coincés dans un mauvais studio, remplis de décors en tocs et d’éclairages trop artificiels.

Mieux réalisé et plus qualitatif que les précédents, ce film en live action pose cependant toujours la même question : que cherche à faire Disney avec ces productions ? La version 2025 de Lilo et Stitch est une copie conforme de celle de 2002. Plutôt que de proposer de nouveaux classiques d’animations, Disney préfère jouer la carte de la facilité en proposant des contenus réchauffés, pariant un peu trop sur la nostalgie des fans sans offrir de nouveaux héros aux plus jeunes. Le remake du Roi Lion, sorti en 2019, avait remporté plus d’un milliard de dollars au box-office mondial. On devine combien le résultat était alléchant. Mais depuis, Disney peine à prouver qu’il a trouvé là un nouveau filon. Et encore moins, un nouveau souffle. Où est passée la magie ?