La SNCF propose 2,2% d’augmentation de salaire
Pas d’énorme surprise à la SNCF lors de la réunion qui marquait la fin des NAO (négociations annuelles obligatoires) portant sur les salaires. À l’issue de négociations qui auront duré cinq heures mercredi après-midi, la vieille dame ferroviaire a proposé à ses 150.000 salariés 2,2% d’augmentation en moyenne quand l’inflation, en fort ralentissement, est de 1,5%. «C’est la quatrième année consécutive que nous améliorons le pouvoir d’achat des cheminots, estime Philippe Bru, DRH du groupe ferroviaire. Entre 2022 et 2024, les rémunérations avaient progressé de 17% quand l’inflation atteignait 13%.»
Avec ce dispositif, le plus petit salaire restera supérieur au Smic de 10%, soit 1 580 euros net en janvier. Concrètement, la revalorisation des salaires proposée comprend deux volets : 1,7% dû notamment aux changements d’échelon quasi-automatiques, à quoi il faut ajouter en avril 0,5% d’augmentation générale et une revalorisation de quinze euros de la prime de travail. Les syndicats représentatifs dans l’entreprise (CGT-Cheminots, Unsa-ferroviaire, Sud-Rail et CFDT-Cheminots) ont jusqu’au 29 novembre pour signer ou pas un accord prévoyant ces dispositions. «Si deux syndicats sur quatre le signent, quels qu’ils soient, nous appliquerons cet accord», affirme Philippe Bru.
Rendez-vous le 29 novembre
La SNCF ne peut pas se payer le luxe de demander la signature des syndicats qui représenteraient à eux deux la majorité des salariés. «Ce cas de figure n’est jamais arrivé dans l’histoire de l’entreprise», constate Philippe Bru. Aujourd’hui, tout le monde se pose une question : ces propositions de revalorisation salariales permettront-elles d’éviter la grève reconductible à partir du 11 décembre ? Dit plus directement, y aura-t-il des trains à Noël ? Car si le préavis de grève a été lancé officiellement pour protester contre la disparition de Fret SNCF remplacé en janvier par deux sociétés (Hexafret et Technis), le sujet des salaires est celui qui peut mettre le feu aux poudres, et inciter les cheminots à débrayer.
Mercredi soir, ce sont les syndicats réformistes qui ont réagi au travers de tracts. Côté CFDT-Cheminots, même si ce n’est pas écrit explicitement, on peut lire entre les lignes que l’organisation est plutôt favorable à cet accord. «Si les mesures n’arrivent pas à la hauteur des revendications portées par la CFDT cheminots, la question à venir est assez claire : l’argent que représentent les mesures négociées doit-il aller aux agents ou rester sur les comptes du Groupe ?», fait mine de s’interroger ce syndicat. L’Unsa-ferroviaire ne dévoile pas ses batteries mais s’attribue quand même le bénéfice des propositions mises sur la table par la SNCF. «L’Unsa ferroviaire prend acte des propositions et avancées qu’elle a obtenues par la négociation ce jour», explique le syndicat.
Pour l’instant, les deux syndicats protestataires (CGT-cheminots et Sud-Rail) n’ont pas réagi officiellement. Le secrétaire fédéral de Sud-Rail, Fabien Villedieu, a juste lâché : «Ce n’est pas à la hauteur. La SNCF est l’entreprise ferroviaire la plus profitable en Europe.» Difficile donc de savoir s’il y aura un conflit social à partir du 11 décembre car, traditionnellement, ces deux dernières organisations sont le fer de lance des mouvements sociaux à rallonge à la SNCF. Quant à Philippe Bru, il ne veut surtout pas lier le sujet des augmentations et celui d’une grève illimitée. Il précise seulement qu’en cas d’absence d’accord, les cheminots auront droit seulement à 1,7% d’augmentation dû pour l’essentiel à leur avancement automatique à l’ancienneté.