Mettre à contribution les retraités : le Medef reste ouvert, la CGT y voit une «ligne rouge»

Les pensionnés devront-ils faire un effort pour financer le système des retraites ? Alors que son «conclave» rassemblant les partenaires sociaux semble au bord de l’implosion, le gouvernement assure rester confiant quant à la capacité des syndicats et du patronat à se mettre d’accord. Mais les points de désaccord sont légion, allant de l’âge légal de départ aux pistes pour prendre en compte la pénibilité des métiers.

Parmi les pistes les plus conflictuelles figure la mise à contribution des retraités, par exemple en désindexant les pensions pendant quelques mois, voire quelques années, afin de dégager des marges de manœuvre budgétaires. Une possibilité qui emporte l’adhésion du patronat. Interrogé sur ce point dans Les Échos, le dirigeant du Medef, Patrick Martin, estime ainsi qu’on «ne pourra pas balayer ce sujet d’un revers de la main». Rappelant que le décalage de l’indexation des retraites de quelques mois, proposé par Michel Barnier, n’a finalement pas été retenu dans le budget 2025, le représentant juge qu’il faudra «poser la question de l’abattement fiscal de 10% sur les retraites ou encore la hausse de la CSG pour les retraités. Les responsables politiques ont du mal à mettre ce sujet sur la table, sans doute avons-nous un rôle à jouer», avance-t-il prudemment.

Le Medef avait déjà apporté son soutien à cette piste par le passé. Patrick Martin se disait ainsi ouvert à la mise à contribution des retraités les plus aisés, comme le suggérait le gouvernement. «Pourquoi pas? Temporairement, de manière ciblée, en protégeant les petites retraites et en répartissant l’effort d’une manière équitable», précisait-il alors, en janvier. L’organisation suggère aussi de supprimer leur abattement fiscal pour frais professionnels de 10%.

Opposition de la CGT

Cette idée a toutefois reçu une fin de non-recevoir de la CGT, vendredi matin. Sur RTL, la patronne du syndicat, Sophie Binet, a critiqué une piste jugée indécente. «C’est une ligne rouge ! Il y en a assez que ce soit toujours les mêmes qui doivent passer à la caisse, s’est-elle insurgée. Nous aimerions entendre le patron du Medef nous parler des dividendes exorbitants qui sont versés aux actionnaires, des profits des grandes entreprises qui n’ont jamais été aussi élevés». Des sujets qui permettraient de financer l’avancée de l’âge de départ à 62, voire 60 ans, selon la dirigeante. Et de dénoncer la propension du patronat à faire «les poches des salariés et des retraités».

Pour l’heure, le gouvernement n’a pas dévoilé ses plans sur les retraites. Si plusieurs membres se sont dits favorables à une contribution des pensionnés, le sujet reste hautement inflammable.