Connemara, Libre échange, Downton Abbey III... Les films à voir cette semaine
Downton Abbey III - À voir
Drame de Simon Curtis - 2 h 03
Avec Le grand final, qui sort en salle ce mercredi 10 septembre, la franchise se transforme en trilogie et tente d’apposer une conclusion définitive aux tribulations de ses héros. Les enjeux dramatiques sont réels et font écho aux questionnements initiaux de la série. Qui peut assurer la postérité du domaine ? Comment les Crawley peuvent-ils faire pour ne pas être engloutis par les transformations sociales qui transforment l’aristocratie en relique du passé.
Passer la publicitéMalicieux, Julian Fellowes fait livrer à ses personnages des batailles cruciales comme picrocholines. Dégager du capital, acheter un appartement (shocking, si bourgeois!) est mis sur le même plan qu’un dîner recevant une star de Hollywood destiné à appâter le voisinage. En l’absence de Maggie Smith et de ses aphorismes piquants, de Lady Violet, l’humour se fait plus discret. Le scénario se rattrape autrement. Un hommage appuyé est rendu à la comédienne et à son personnage disparu. Le grand final salue avec la même élégance les autres protagonistes décédés de la saga. Une jolie touche. C. J.
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Libre échange - À voir
Comédie de Michael Angelo Covino - 1 h 40
Traumatisée après un accident avec son mari, Ashley (la radieuse Adria Arjona) avoue qu’elle a été infidèle et qu’elle veut rompre. Tout ça au bout d’un an de mariage. Le cocu tombe de haut, claque la portière, part à travers champs, nage dans un lac, traverse des fourrés pour se réfugier dans la somptueuse villa de son meilleur ami au bord de l’eau. Le pauvre a besoin de réconfort. Paul et Julie lui en donnent. Les deux forment un couple ouvert. Le physique ne compte pas. Ils sont modernes. Enfin, c’est ce qu’ils croient. Plus facile à dire qu’à faire. La réalité reprend le dessus.
Son travail oblige, Paul, qui est agent immobilier, doit se rendre souvent à New York. Durant une de ses absences, Julie cède aux avances de Carey. Jusque-là, tout va bien. Les choses se compliquent quand ce dernier a l’idée saugrenue de raconter l’incartade à son copain. Divisée en six chapitres, reprenant les intitulés d’un contrat de divorce, Libre échange énumère les décisions catastrophiques, les scènes de ménage, les remords tardifs, les petits accommodements avec la jalousie. Pour le romantisme, on repassera. Cette screwball comedy remise au goût du jour a du culot et de l’abattage, joue avec les clichés de l’époque, se déroule à un rythme effréné, ne négligeant pas les instants de perplexité. É. N.
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Connemara - À voir
Drame d’Alex Lutz - 1 h 55
Passer la publicitéHélène, cette femme de 40 ans consultante est à fleur de peau, ses yeux s’embuent à tout-va, des crises d’angoisse la saisissent, son humeur est changeante. Devant la psy, elle s’énerve. Elle voudrait une solution, mais le médecin n’est pas là pour ça. Sa maladie l’a poussée à changer de vie. Elle a quitté Paris pour revenir dans la ville de son enfance. Elle a démissionné du grand cabinet parisien pour rejoindre une petite société de conseil provinciale. La solution prend le visage de son béguin de jeunesse. Christophe Marchal, ex-beau gosse du lycée, champion de l’équipe de hockey, une star locale à l’époque, n’a jamais quitté sa ville.
Bastien Bouillon est cet homme divorcé qui vit avec son père et son fils une semaine sur deux. La scène des retrouvailles dans un café banal est un modèle de délicatesse empourprée. Les deux adultes gênés marchent sur des œufs. Le tandem Bastien Bouillon-Mélanie Thierry s’impose avec évidence. Alex Lutz filme cet adultère vécu comme une bouée de sauvetage avec une grande sensibilité, une forme de romantisme dont n’était pas exempt le roman de Nicolas Mathieu. F. D.
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Sirât - On peut voir
Drame d’Olivier Laxe - 1 h 55
Au Maroc, des « ravers », au pied des montagnes de l’Atlas et d’un mur d’enceintes, se laissent traverser par les basses, entre carnaval grotesque et rituel chamanique. Dans cette foule en transe hirsute et tatouée, un père, Luis, cherche sa fille aînée, disparue six mois plus tôt. Il est accompagné de son fils, Esteban. Des soldats finissent par couper le son et escorter les caravanes des teufeurs vers un ailleurs qu’on devine moins dansant. Luis (Sergi Lopez, rondeur débonnaire d’homme ordinaire, déjà hagard), décide de suivre un groupe qui s’échappe. Direction une autre « free party » dans le Sud, près de la Mauritanie.
Luis arpente la marge de la société et un territoire à la beauté époustouflante et terrifiante, paysage physique et mental, minéral et poussiéreux. Le désordre du monde parvient à travers des flashs infos à la radio des camions. Sirât sidère sans avoir besoin d’ingurgiter des champignons hallucinogènes. L’effondrement d’un monde est avant tout celui d’un homme. Le sable assèche les larmes de Luis. Dans le désert, personne ne vous entend pleurer. Sirât, dans l’islam, désigne le pont qui relie l’enfer au paradis mais on est bien incapable de dire dans quel sens Luis fait le chemin. É. S.
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Une place pour Pierrot - On peut voir
Comédie dramatique d’Hélène Medigue - 1 h 39
À 45 ans, Pierrot (Grégory Gadebois, toujours d’une grande justesse), est un grand enfant, imprévisible, pas tout à fait contrôlable. Il n’entend pas toujours ce qu’on lui dit, s’énerve sans raison apparente, peine à exprimer ce qu’il ressent. Il est autiste. Avocate, sa sœur Camille (Marie Gillain investie et parfaite) veille sur lui comme sur la prunelle de ses yeux. Un jour, révoltée par la façon dont il est soigné, elle décide de l’enlever du foyer médicalisé où il est placé. Elle qui a l’habitude de tout maîtriser sera dépassée.
Hélène Médigue, la réalisatrice d’Une place pour Pierrot livre un premier film à la fois très documenté, poignant et sensible, malgré quelques longueurs (On devine que le sujet lui tient à cœur). L’ancienne comédienne de la série Plus belle la vie sait de quoi elle parle. Sœur cadette d’un frère autiste, en 2012, elle a présenté au festival de Cannes un court-métrage sur l’autisme (C’est pas de chance quoi). Elle pose un regard bienveillant sur la différence en n’évitant aucun aspect de ce trouble du développement ni son impact sur les proches. N. S.
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McWalter - On peut voir
Comédie de Simon Astier
Pour son premier grand rôle dans un long-métrage, Yvick Letexier, dit Mister V sur les réseaux sociaux depuis environ quatorze ans, s’est mis dans la peau d’un des personnages les plus célèbres de ses sketchs : McWalter. Un problème ? « Appelez McWalter », dirait le chef de la brigade (François Berléand). Une mission qui tourne mal ? « Appelez McWalter », répéterait-il. Il est l’agent le plus connu des États-Unis. Alors qu’une prise d’otages a lieu dans une usine de pains à burgers de Baconfield, le héros à la teinture blonde et au style plus que décontracté débarque en berline, réalisant des donuts autour d’un donut. Habile, il mitraille une quinzaine de terroristes tout en dansant la Macarena.
Sa vie bascule au moment où il se retrouve face à Drogan (Vincent Dedienne), son pire ennemi. Ce dernier tue la femme de McWalter, l’exilant pendant plus de dix mois à des centaines de kilomètres de la plus proche brigade policière. On ressent une certaine volonté d’inscrire le film dans le même esprit que les vidéos originelles. C’est bien ça le problème. McWalter donne l’impression qu’il aurait dû sortir sur YouTube, à une autre époque, pour un public qui n’est pas celui du septième art. Le scénario est prévisible, voire enfantin. C. B.