Kanaky-Nouvelle-Calédonie : « Les Kanak veulent être souverains chez eux, propriétaires de leur destinée, de leur vie »

Enseignant, chercheur et militant, Hamid Mokaddem a publié plusieurs ouvrages sur la Kanaky-Nouvelle-Calédonie. Dans L’histoire dira si le sang des morts demeure vivant, il explore la trajectoire de Jubelly Wéa, un Kanak originaire d’Ouvéa, l’assassin de Jean-Marie Tjibaou et Yeiwéné Yeiwéné en 1989. Pour mieux cerner ce que son parcours révèle des conceptions de la souveraineté kanak, à l’heure où ces questions demeurent brûlantes sur l’archipel à la décolonisation inachevée.

Pour quelles raisons avez-vous choisi d’aborder la figure de Jubelly Wéa ?

Bien avant le 13 mai 2024, je savais qu’il y avait une radicalité de conception de la souveraineté de Kanaky sous-jacente, implicite. Je voulais essayer de comprendre les raisons qui ont poussé Jubelly Wéa à décapiter les deux têtes souveraines du FLNKS. Je percevais chez lui une conception de la souveraineté de Kanaky divergente de celle de Tjibaou et Yeiwéné Yeiwéné, notamment sur l’accession. Je me disais que cette typologie de l’accession à la souveraineté, on la retrouvait encore aujourd’hui.

Il me semblait important de faire la genèse, la généalogie, l’archéologie, de la trajectoire qui a amené Jubelly Wéa à cet acte criminel. Quand il a tué les deux leaders du FLNKS, il avait hurlé dans le mégaphone pour justifier son acte : « Les accords de Matignon-Oudinot sont morts, vive l’indépendance de Kanaky socialiste. »

Quelle est son histoire d’homme, de militant, et finalement d’assassin ?

Depuis ces assassinats, il y a eu les coutumes de réconciliation, de pardon entre les clans Tjibaou, Yeiwéne et Wéa. Il était temps de revenir sur sa trajectoire. Non pas pour la cautionner, mais pour essayer de l’analyser. Jubelley Wéa a été très tôt pasteur au foyer Béthanie à Lifou, puis a fait une formation aux Fidji, pendant deux ans.

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