«Il a eu une mort atroce et j’en fais encore des cauchemars» : la mère du détenu égorgé aux Baumettes accuse l’État
Odile Cotta se souvient encore parfaitement du 4 octobre dernier. Un numéro privé l’appelle sur son téléphone portable. Il est onze heures du soir. Elle est étonnée par l’heure de ce coup de fil. À l’autre bout du combiné, une voix annonce : «Monsieur Cotta Robin n’a pas survécu à certaines violences.» Le 22 septembre 2024, le fils d’Odile Cotta, Robin, avait été placé en détention provisoire à la prison marseillaise des Baumettes. À 22 ans, il découvrait la détention après avoir été interpellé en possession de fausses ordonnances pour se procurer du sirop à la codéine, utilisée de manière détournée pour ses effets euphorisants.
Quelques semaines plus tard, Robin Cotta était tué en détention par un codétenu. «Théoriquement pourtant, en France, on devrait être un seul détenu par cellule au quartier des arrivants», note l’avocat d’Odile Cotta, Me Étienne Noël. Or, selon ce dernier, Robin Cotta s’était retrouvé dans une cellule avec deux autres détenus, dont le mis en cause, «condamné à une peine en comparution immédiate de six mois, avec une semi-liberté accordée par l’administration».
«Il avait la trouille»
«Jamais je n’aurais cru qu’il se serait passé cela», confie Odile Cotta, encore sous le choc. Pour elle comme pour son avocat, la responsabilité de l’État dans la mort de Robin Cotta ne fait aucun doute. «Il y a eu tellement de manquements dans cette prison qu’on se demande presque si ça n’a pas été fait exprès», s’emporte-t-elle. «Je suis en colère. Je suis fatiguée. Je veux que la prison paie. Ce sont eux qui ont permis à ce gros malade d’avoir le temps de fracasser mon fils».
D’après Odile Cotta, le mis en cause était un détenu dont les accès de violences étaient connus de l’administration pénitentiaire. Surtout, son fils Robin avait demandé selon elle à plusieurs reprises de changer de prison, comme l’a révélé France Info. «Robin avait fait passer des mots aux surveillants sous la porte, sans que rien ne se soit passé, rappelle Me Étienne Noël. On peut dire qu’il avait la trouille.»
Il y a un mois, Odile Cotta a reçu les premières conclusions d’un rapport d’enquête sur la mort de son fils. «Il a eu une mort atroce et j’en fais encore des cauchemars, souffle-t-elle. Ils sont tous sourds et aveugles dans cette prison, ou quoi ? Mon fils a hurlé. Les codétenus aussi. Une heure après, il était égorgé. Je veux juste honorer la mémoire de mon fils qui est mort dans l’irrespect le plus total.»
Les agents marqués psychologiquement
«Mon fils avait 22 ans, rappelle-t-elle. Il était à peine sorti de l’adolescence. Il avait la vie devant lui. Je ne comprends pas. En prison, il y a des surveillants, des gardiens. Ce n’est même plus un assassinat. C’est une mise à mort. Mon fils a été donné comme de la chair à pâté.» Contacté, Me Étienne Noël confirme envisager de son côté un recours et la saisie du tribunal administratif de Marseille pour faire reconnaître la responsabilité de l’État dans le décès de Robin Cotta.
De son côté, l’administration pénitentiaire indique au Figaro qu’«une procédure judiciaire étant en cours, et en application de l’article 11 du Code de procédure pénale, le ministère de la Justice ne peut faire de commentaire.» «Une enquête administrative interne est menée en parallèle de l’enquête judiciaire, poursuit cette même source. Par ailleurs, les personnels du centre pénitentiaire des Baumettes, très marqués par cette affaire, ont tous reçu une proposition de soutien psychologique. Quelques-uns d’entre eux ont saisi cette proposition.»