Triple infanticide dans le Val-de-Marne : la mère entendue par les enquêteurs, les enfants tués «possiblement durant leur sommeil»
Au lendemain de la découverte dans le Val-de-Marne du corps de trois sœurs âgées de 4, 10 et 11 ans, l’enquête se précise. Le père de famille, qui s'est présenté dimanche au commissariat de Dieppe (Seine-Maritime), confessant les avoir tuées, se trouve se toujours en garde à vue. Les enfants ont possiblement été tués «durant leur sommeil», précise Stéphane Hardouin, le procureur de la République de Créteil lors d’une conférence de presse ce lundi.
Plaies au thorax et asphyxie
Les trois fillettes, dont deux ont été découvertes sur le canapé et la troisième sur le lit étaient vêtues de leur pyjama. Sur le corps de l’une d’elles, la police a constaté «des plaies thoraciques profondes», mais «aucune plaie de défense», a fait savoir le magistrat. La seconde était quant à elle allongée sur le canapé, avec une plaie au thorax et une plaie de défense à la main «laissant penser à la saisie d'une lame». Enfin, la dépouille de la dernière ne comporte pas de plaies, mais son visage «évoquait une notion d’asphyxie.» Les premières constatations visuelles laissent à penser que «les faits se sont déroulés dans la nuit de samedi à dimanche, possiblement pendant leur sommeil». Des autopsies ont été pratiquées ce lundi matin, les conclusions seront transmises dans l’après-midi.
En parallèle, selon des informations du Figaro, la mère de famille, introuvable la veille, a été retrouvée dans la soirée et entendue par la police judiciaire dimanche soir, au commissariat de Boissy-Saint-Léger (Val-de-Marne). Marié en juillet 2011, le couple était toujours en instance de divorce. «Les droits de visite et de gardes étaient exercés à l’amiable dans l’attente d’une audience devant le juge aux affaires familiales prévues le 12 décembre», fait savoir le procureur. Par main courante, la mère de famille avait déjà signalé la difficulté à récupérer ses enfants à la suite des temps de garde du père. Le casier du suspect, âgé de 41 ans, fait état d’une condamnation en avril 2021 notamment pour «violence par conjoint en présence des enfants» de 18 mois de prison, dont 12 mois sursis. Les 6 mois ferme restant avaient été exécutés sous bracelet électronique.
Plainte pour viol classée sans suite
Une mesure d’interdiction en contact avec les victimes avait été ordonnée, mais elle a été levée le 30 septembre 2022, «selon le souhait des parents.» La mère de famille avait demandé une «ordonnance de protection dont elle s’est ensuite désistée au vu de l’évolution de la situation familiale». Enfin, une plainte pour viol sur conjoint a été classée sans suite en juillet 2021, au motif que l’infraction était insuffisamment caractérisée. La peine de sursis probatoire du mis en cause avait pris fin le 28 août 2023. «Au moment des faits, le suspect ne faisait plus l’objet d’aucun suivi judiciaire», souligne le magistrat.
Lors de son audition, la mère des enfants a évoqué de nouvelles violences sur elle et l’une de ses filles en août 2022, mais les faits n’ont «pas été portés à la connaissance de la police ou de la justice.» Le suspect, dont le dépistage à l’alcool et aux stupéfiants s’est révélé négatif, doit être entendu par les enquêteurs ce lundi après-midi. Lors d’une déclaration spontanée, il a reconnu «être l’auteur des crimes, avoir agi seul, sans témoin et avoir utilisé un couteau». Il doit être entendu prochainement par un expert psychiatre. Pour l’heure, «nous ne disposons pas d'éléments pour retenir la prémédication, mais les choses peuvent évoluer», ajoute Stéphane Hardouin. À l’issue de la prolongation de sa garde à vue, une information doit être ouverte mardi.
En parallèle, le domicile de la mère de famille à Marolles-en-Brie a été visité dans la nuit de lundi à mardi, lors de son audition devant les enquêteurs. On ignore pour l’heure si les faits ont un lien avec l’affaire.