Le maire de Caen s’indigne des propos pro-Gaza entonnés par un artiste lors d’une animation de Noël

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Yohan Leforestier (à gauche) n’aurait pas respecté le cahier des charges de l’événement selon Aristide Olivier (à droite). Ouest France

L’élu dit « avoir été piégé » par une personne qui « ne s’est pas montrée digne de (sa) confiance ». Le poète Yohan Leforestier a transformé le rendez-vous du calendrier de l’avent de Noël de la mairie en une tribune politique sur la bande de Gaza.

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Une sortie qui fait tache. Depuis le 1er décembre, la mairie de Caen accueille un gigantesque calendrier de l’avent sur sa façade. Chaque jour à 18 heures, les habitants se réunissent pour ouvrir tout sourire une nouvelle case parmi les 24 qui décorent, le temps d’un mois, les fenêtres de l’édifice. Jusqu’à ce dimanche 15 décembre, où la joie et la bonne humeur ont laissé place à l’incompréhension. 

Les Caennais étaient habitués aux mini-concerts, aux spectacles de funambules et aux fanfares. Des surprises pour les petits et les grands, qui se trouvaient de plus en plus nombreux devant l’Hôtel de ville tous les soirs. Dimanche dernier, donc, ils ont ouvert la 15e fenêtre. Et surprise ! La foule a entendu des premières notes d’accordéon et de guitare...

Poétique ou politique ?

Avant l’arrivée de Yohan Leforestier, un artiste originaire de Caen, aussi surnommé Yo le Milieu. Les habitants de la région le connaissent pour ses slams - une forme de poésie orale rythmée, urbaine, qui a lieu dans un endroit public et qui prend la forme d’une rencontre ou d’un spectacle. Ils le connaîtront désormais pour sa polémique. La prestation de l’artiste a été entachée, car elle ressemblait davantage à une prise de position politique qu’à un concert.

« Ça gaze à Gaza », a-t-il lancé dès les premières notes du morceau d’introduction. Poétique ou politique ? La foule a très vite compris qu’elle avait affaire à un militant plutôt qu’à Arthur Rimbaud. Son « poème », qui décrivait en 10 minutes le Noël d’un enfant de Gaza, n’a pas été du goût du maire de la ville, Aristide Olivier. « Nous avons été piégés… », a-t-il dénoncé quelques heures après l’événement. 

« Pas le lieu »

L’élu a dit avoir « fait le choix d’un artiste caennais reconnu dans ce domaine avec, pour seule commande, de produire un spectacle familial dans l’esprit des fêtes de fin d’année ». Mais son opinion sur Yohan Leforestier a bien changé depuis cette prestation. « Dimanche, la poésie devait être mise à l’honneur, s’est-il désolé. Malheureusement, [...] le cahier des charges n’a pas été respecté et [Yohan Leforestier] ne s’est pas montré digne de notre confiance.» Avant d’ajouter  : « Ce n’était absolument pas le lieu pour une prise de position militante aussi clivante »

« Si je l’avais fait depuis le regard d’un enfant ukrainien et non pas gazaoui, il n’y aurait sans doute pas de polémique aujourd’hui  »

Yohan Leforestier

Ce à quoi l’artiste s’est empressé de répondre qu’il n’avait « voulu piéger personne ». Yo le Milieu assume : « J’étais conscient que le propos pouvait déranger. Mais j’ai aussi eu beaucoup de retours de gens qui ont apprécié ». Et explique qu’il voulait simplement transmettre « un message de paix » et montrer au monde « qu’il y a des endroits où Noël, ce n’est pas comme ici ». « Si je l’avais fait depuis le regard d’un enfant ukrainien et non pas gazaoui, il n’y aurait sans doute pas de polémique aujourd’hui », remarque-t-il. Un pic au maire ? Nul doute que cette réaction fera de nouveau jaillir les services de la mairie, affectés par cette polémique. Pour autant, l’affaire devrait s’arrêter à ces simples déclarations.