«Signal désastreux», «l’une des plus laxistes»... La droite et le RN vent debout contre la nomination de Belloubet à l’Éducation
De Pap Ndiaye à Gabriel Attal, puis Gabriel Attal à Amélie Oudéa-Castéra, et enfin d’Amélie Oudéa-Castéra à Nicole Belloubet. Quatre ministres de l’Éducation nationale en moins de huit mois. De quoi donner le tournis aux oppositions, qui doivent à chaque fois s’adapter à une nouvelle personnalité. Et donc à une nouvelle ligne politique. Avec la nomination de l’ancienne ministre de la Justice jeudi soir, la droite et le Rassemblement national ont trouvé leur nouvelle cible. En cause, sa politique comme garde des Sceaux, entre 2017 et 2020, qu’ils jugent trop laxistes, ainsi que ses propos polémiques sur la jeune Mila début 2020, ressortis à l’occasion.
Pour rappel, cette jeune lycéenne avait violemment critiqué l’Islam sur les réseaux sociaux. Une charge qui avait suscité un déferlement de commentaires haineux et de menaces de mort, amenant depuis quatre ans cette adolescente à vivre sous protection policière. Sur Europe 1, Nicole Belloubet avait nettement pris ses distances avec la jeune femme, affirmant, à rebours de la fermeté affichée d’une partie du gouvernement, que «l'insulte à la religion, c'est évidemment une atteinte à la liberté de conscience, c'est grave.» Consciente de son erreur, elle avait rétropédalé quelques jours plus tard, indiquant que «l'affaire Mila a remis en lumière la question du droit au blasphème.» Et que «ce droit existait». Mais peu importent les explications, le mal était fait.
«Pire que AOC»
Ce que n’ont pas manqué de rappeler les droites jeudi soir. Pour le président du RN Jordan Bardella, l’arrivée de Nicole Belloubet Rue de Grenelle «est un signal désastreux, au moment où l'École aurait besoin d'un sursaut pour être sauvée.» Signe, selon l’eurodéputé nationaliste, d’une «macronie en bout de course». D’autres, dans son camp, se montrent plus ironiques. Comme la députée RN du Vaucluse Laure Lavalette. «On se demandait comment ils feraient pour trouver pire ministre de l'Éducation nationale qu’Amélie Oudéa-Castera, a tancé l’élue frontiste. Incroyable mais vrai : une ex-socialiste qui se moque de l'autorité, abandonne Mila et profite du Covid pour vider les prisons.»
Quant aux Républicains, ils ne se montrent pas davantage indulgents avec la nouvelle ministre du gouvernement Attal. Le chef de file des sénateurs LR au Sénat, Bruno Retailleau, a ainsi décrié «l'une des ministres de la Justice les plus laxistes de la Ve République» «Le retour de l'autorité à l'école n'est pas pour demain...». Alors qu’elle devra se frotter aux oppositions, dans le chaudron des prochaines Questions au gouvernement, voilà Nicolas Belloubet prévenue.