Gouvernement Barnier : François Hollande déplore une «restauration de la présidence Sarkozy»
François Hollande est-il resté bloqué en 2012 ? Plus de dix ans après la présidentielle qui l’a vu triompher, l'ancien chef de l'État prend toujours un malin plaisir à faire référence à son adversaire de droite préféré, Nicolas Sarkozy. Interrogé ce mardi dans le magazine L'Hémicycle sur la présence de ministres plus conservateurs qu’Emmanuel Macron sur le plan sociétal, le député socialiste de Corrèze juge que son successeur «n’a jamais marqué une très grande audace» dans ce domaine.
Citant l’inscription de l’IVG dans la Constitution ou encore le texte sur la fin de vie - dont l’avenir est très incertain -, François Hollande rappelle le libéralisme du candidat En Marche en 2017 sur ces questions : «Il appelait à ce que les lignes bougent» avant de les «repousser jusqu’à les confondre avec celles de la droite d’avant 2012». «Commencer sur le thème de la Révolution (titre du livre programmatique d’Emmanuel Macron en 2016, NDLR) et finir avec des tenants de la conservation, ce n'est rien d'autre qu'une Restauration : celle de la présidence de Sarkozy», a-t-il tancé.
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Mêmes flèches décochées à l’encontre de «l'éducation et la culture». «Pour un président qui se piquait d'être l'élève de grands philosophes et qui voulait que les intellectuels jouent un rôle majeur, il a, là aussi oscillé, tergiversé jusqu'à nommer des ministres dont la principale qualité était de ne rien connaître du domaine qui leur était confié», a ainsi épinglé François Hollande. Qui n’est pas tendre avec le bilan de son ancien conseiller à l’Élysée, dont il ne restera que des «dispositions fiscales» et une «réforme des retraites» qui a «blessé».
«Pas indifférent» à 2027
Le gouvernement de Michel Barnier, qui repose sur une fragile alliance entre les macronistes et la droite, peut-il maintenant durer ? «Tout dépendra du bon vouloir de Madame Le Pen. C'est elle qui va en fixer le terme», réplique l’élu du PS, soulignant le rôle clé des troupes du Rassemblement national (RN) depuis les législatives anticipées. «Lorsqu'elle jugera qu'il lui est difficile de soutenir une politique d'austérité, elle s'en écartera» et votera en conséquence la censure du gouvernement avec la gauche.
Quid de la prochaine présidentielle fixée dans deux ans et demi ? Alors que les macronistes sont, selon lui, «déjà tournés» vers cette échéance, Emmanuel Macron «ne pouvant pas être candidat», François Hollande assure qu’il n’est «pas indifférent à 2027». Officiellement, pour l’instant, il ne «met pas (sa) personne au premier plan de (ses) préoccupations» pour ne pas «perdre toute crédibilité.» Officieusement, c’est une autre histoire...